Comment asservir un Peuple sur ses terres

Publié le 02/10/2011 à 12:29 par Königsberg

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Comment asservir un peuple en le culpabilisant ?

Il faut lui répéter chaque jour qu’il est un peuple de salauds, qu’il a exterminé les juifs, pratiqué la colonisation, l’apartheid, le racisme, etc etc etc…

La technique est simple et pour une nouvelle élite, apatride, dominante, inutile de faire la guerre ; il suffit d’adapter les théories de Sun Tzu à l’époque actuelle.

Trouver des collabos parmi les franchouillards à la botte des élites qui feront le boulot pour trahir la race et la terre de leurs ancêtres. Dans la France occupée ces collabos sont légion en 2011.

Ringardiser tout ce qui est Français de souche, héros français, sportifs, artistes, intellectuels, entre autres….et les remplacer par les nouveaux arrivants.

Réécrire l’Histoire de France, en culpabilisant les « souchiens »(comme ils disent), endoctriner la jeunesse en réactivant la lutte des classes ou la lutte des races, en indiquant que tout ce qui est contraire à la nouvelle idéologie cosmopolite est la résurgence du nazisme, du racisme et de l’antisémitisme.

Favoriser et promouvoir la drogue, le métissage, l’homosexualité, l’avortement, la pornographie, la négation de l’identité de son propre peuple, en le coupant de ses racines. Voilà le dessein succinct des ennemis d’un Peuple.

On appelle donc « techniques de manipulation des masses », l’ensemble des moyens permettant la manipulation de l’opinion publique à des fins politiques, économiques ou stratégiques. On peut assimiler cela à une arme psychologique, laquelle peut être dirigée vers un groupe afin d’en prendre le contrôle ou l’annihiler. Il existe ainsi deux moyens de faire la guerre: le premier est le recours à la force, l’autre, plus subtil, est le recours aux techniques de manipulation.

La manipulation des masses est apparue dès que l’humanité dans son histoire s’est constituée en groupes hiérarchisés d’intérêts différents dont les dirigeants ont cherché à accroître ou maintenir leurs pouvoirs.

Le premier document faisant mention de techniques de manipulation, est « L’Art de la Guerre », attribué à Sun Tsu (auteur ou groupe d’auteurs) dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il vécut quelques siècles av. J-C. en Chine, à peu près à la même époque que Confucius. Il devait s’agir d’un excellent stratège, à en juger certaines formules de son ouvrage :

« Tout l’art de la guerre est fondé sur la duperie » ;

« Ceux qui sont experts dans l’art de la guerre soumettent l’armée ennemie sans combat. Ils prennent les villes sans donner l’assaut et renversent un état sans opération prolongée »

« Toute campagne guerrière doit être fondée sur le faux-semblant; feignez le désordre, ne manquez jamais d’offrir un appât à l’ennemi pour le leurrer, simulez l’infériorité pour encourager son arrogance, sachez attiser son courroux pour mieux le plonger dans la confusion: sa convoitise le lancera sur vous pour s’y briser » ;-

« Lorsque l’ennemi est uni, divisez-le; et attaquez là où il n’est point préparé, en surgissant lorsqu’il ne s’y attend point. Telles sont les clefs stratégiques de la victoire, mais prenez garde de ne point les engager par avance ».

Depuis, les techniques de manipulation des masses n’ont cessé de progresser. Citons quelques une de ces techniques :

Créer des problèmes, puis offrir des solutions

Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » qui suscitera une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, la prolifération des drogues ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté.

La stratégie du dégradé

Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une longue durée. C’est ainsi que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

La stratégie du différé

Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public pour son application dans le futur. Il est plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. Le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Cela laisse en plus, du temps pour s’habituer à l’idée du changement et donc de l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. Exemple récent: le passage à l’Euro et la perte de la souveraineté monétaire et économique ont été acceptés par les pays européens en 1994-95 pour une application en 2001.

S’adresser au public comme à des enfants en bas âge

La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, comme si le spectateur était un enfant en bas âge. Exemple typique: le slogan de la campagne TV française pour le passage à l’Euro (« les jours euro »). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant.

Faire appel à l’émotionnel

C’est une technique classique pour court-circuiter le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions…

Maintenir le public dans l’ignorance, ou mieux, dans la désinformation

Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.

Remplacer la révolte par la culpabilisation

Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence ou de ses capacités. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action.

Belgique : situation toujours plus figée

par Denis Ilmas et Benoist Ducarme (M.I.D)

Le lundi 20 juin, coup de théâtre dans le petit monde de la politique politicienne belge : après quelques timides tentatives de négociations entre la NVA de Bart de Wever et les libéraux de Charles Michel (le fils de l’autre), voilà que l’inénarrable Olivier Maingain se met allègrement à torpiller ce rapprochement, en refusant de participer à tout gouvernement ou même à tous pourparlers en vue d’un former un, s’il faut composer avec De Wever, pourtant incontournable en Flandre. Les propos de Maingain ont bien entendu été reproduits par l’organe très politiquement correct de Bruxelles, le Soir, que l’on peut considérer comme la seule et véritable tumeur cancéreuse de la Belgique, celle qui, si elle se développe et sévit encore, occira à coup sûr le patient. Le Soir prétend sauver le royaume de la flamandisation, du fascisme, de la myxomatose et du phylloxéra mais voilà tout d’un coup qu’il torpille les seules négociations qui pouvaient vaille que vaille aboutir à un accord boiteux, pour lui donner encore une petite bouffée d’air vivifiant. Cette foucade du compère Maingain survient dans le Soir peu de temps après la démission de la rédactrice en chef Delvaux, surnommée la « femme delvaux » (avec une minuscule dépréciative) ; cette figure de bas bleu, moquée dans le microcosme journalistique bruxellois parce qu’un peu souillon, a été, pendant de trop nombreuses années, l’organisatrice en chef du formatage des esprits selon les injonctions et les directives du soft power social-démocrate, soixante-huitard (qui confond permissivité et liberté) et néo-philosophique (Saint Bazar Henri Lévy et votre relais ULBiste Haarscher, priez pour nous, pauvres pécheurs fascistoïdes). Or tout cerveau lucide et dûment informé sait que ces ingrédients idéologiques et pseudo-philosophiques servent à disloquer les « alien countries », les « alien audiences », pour les maintenir dans un état de faiblesse permanent, rendant toute renaissance nationale, étatique ou impériale impossible. On ne m’ôtera pas de la tête l’idée que l’actuelle crise belge, envenimée par le Soir, sert d’expérimentation pour les disciples de Sun Tzu, installés dans les « services » : comment entretenir une crise sans recourir à la dictature et en escamotant ou en contournant le fonctionnement démocratique ? Comment trouver un nouveau moyen de neutraliser un pays européen sans faire usage des expédients appliqués jadis en Amérique latine ou, aujourd’hui encore, en Afrique ? L’avenir nous dira si cette hypothèse est plausible ou non. Il existe bien entendu des façons différentes de procéder à la dislocation des Etats européens, en maniant ces ingrédients de l’idéologie dominante et établie : en France, on vous dira que tout sérieux politique, tout esprit de décision, est « ringard », fors le menu officiel, seul autorisé ; avec une nuance bien subtile, car en France, la mentalité révolutionnaire banalisée par le discours dominant depuis 1789 —par le grand récit révolutionnaire— veut que l’on conteste derechef la machine étatique, même en ses aspects les moins contestables. L’Etat va donc chaque fois s’adapter aux « ingrédients », énoncés en marge de la machine qu’il constitue, pour satisfaire ce révolutionisme banalisé : ce fut le cas successif du giscardisme et du sarközisme. Sous Giscard, l’Etat s’adaptait en incluant dans son fonctionnement (ou plutôt son dysfonctionnement) des revendications soixante-huitardes, par crainte de ne pas « être dans le vent » ou de provoquer un nouveau mai 68. C’est à cette capitulation permanente des droites post-gaulliennes au pouvoir qu’a voulu remédier un mouvement comme la nouvelle droite métapolitique, tant dans ses cénacles propres que dans ses opérations d’entrisme dans la presse (par exemple le Figaro Magazine de Louis Pauwels). Sarközy, lui, inclut le néolibéralisme, le retour à l’OTAN dans une ambiance générale de décadence et d’amnésie, tissée de festivisme narcissique permanent, en dépit des promesses de « kärchériser » certaines banlieues. En Allemagne, on continue à faire jouer les ressorts de la fameuse « Vergangenheitsbewältigung », où l’on va systématiquement diaboliser le passé, trouver, de la protohistoire au moyen âge et de celui-ci à l’ère Biedermeier, les racines de la peste brune en tablant sur un sentiment de culpabilité bien ancré dans le protestantisme. En Italie, on procèdera par une neutralisation générale de tous les discours politiques alternatifs, parce que la culpabilité joue un rôle moindre dans les pays catholiques : c’est une fibre qu’on ne peut pas aussi aisément faire vibrer qu’en terres réformées. En Russie, Soljénitsyne a parfaitement expliqué à ses lecteurs comment fonctionnaient la russophobie, distillée par les « pluralistes », et la fameuse « idéologie de la convergence » qui ne voyait de salut qu’en une économie homogénéisée à l’échelle planétaire et entendait, dans la foulée, liquider tous les atavismes (toutes les racines, chez un Bazar-Henri Lévy).

Le spaakisme confisque toute autonomie en politique internationale

Dans ce concert européen, la Belgique, parce qu’elle ne représentait pas grand chose, est devenue le centre de l’UE, de l’OTAN et du SHAPE. En acceptant ces instances sur son territoire, elle acceptait ipso facto que sa sphère politique devait demeurer molle. Pour la mollifier définitivement, on avait fait en sorte que le pouvoir royal, après l’élimination de Léopold III, soit réduit au minimum ou du moins craigne en permanence de s’opposer aux camarillas politiciennes. Sur cette sphère politique rendue ainsi molle, s’est imposé le « spaakisme », soit l’inféodation à l’OTAN et aux Etats-Unis. Le « spaakisme » doit son nom au social-démocrate Paul-Henri Spaak, premier secrétaire général de l’OTAN. Malgré la résistance des démocrates chrétiens sous Pierre Harmel, le spaakisme est passé de la social-démocratie à la démocratie chrétienne : De Crem, actuel ministre de la défense dans le gouvernement démissionnaire chargé des affaires courantes, est le prototype du démocrate chrétien spaakiste, bien soucieux et zélé de plaire aux chefs militaires du Pentagone. Au moment où le spaakisme s’imposait dans les années 50 au détriment de toute autonomie nationale sur le plan de la politique internationale, la Belgique était encore une puissance industrielle, forte de ses colonies africaines : aujourd’hui, les ravages du néolibéralisme et des délocalisations qu’il entraine ont fait leurs effets, comme en beaucoup de régions européennes, mais, cette fois sans le ballast moral et financier du colonialisme, les seuls atouts qui restent de ce passé sont les balances commerciales positives face à ses deux plus grands voisins, l’Allemagne surtout et la France dans une moindre mesure. Toute diminution de la dette allemande envers la Belgique donc toute diminution du flux financier venu de l’Est risque de fragiliser les finances du pays, d’éliminer ou d’entamer sérieusement une plus-value utile au maintien de la machine en son état actuel, ce qui risque de faire disparaître, dans l’amertume de ses bénéficiaires, un système corrompu et onéreux, qui bétonne les adhésions bien plus sûrement que tous les discours idéologiques (surtout en Wallonie). C’est ainsi qu’on pourrait voir apparaître le chaos du dissensus. Espoir : l’Allemagne investit en Russie et le royaume d’Albert II, malgré la crise politique qui le tenaille, profite de cette dynamique eurasienne. Le pays est bel et bien un « carrefour », tous en sont conscients, mais ce statut de « carrefour » implique une nécessaire faiblesse politique, assortie d’un tropisme vers tout étranger qui importe biens et services.

Le fonctionnement démocratique remplacé par un « rien »

En fait, l’implosion politique ne date pas des élections du 13 juin 2010. Elle est antérieure. Dès les élections de 2007, le royaume a été virtuellement dépourvu de direction politique élue, clairement profilée. De surcroît, la crise de l’automne 2008 a démontré que ce pouvoir, ridicule et pantelant, capitulait devant les banques et investissait dans leur faillite des sommes qui auraient pu s’avérer plus bénéfiques en d’autres domaines. Le gouvernement des affaires courantes fonctionne vaille que vaille, mais sans prendre de décisions nouvelles de grande portée. Seule entorse au fonctionnement normal des règles de la démocratie belge : le budget a été voté en début d’année pour satisfaire les exigences de l’UE (pour qui les Etats n’existent plus que pour voter un budget annuel ; ils ne semblent plus avoir d’autres fonctions). Avant 1940, quand les partitocraties, dites « démocratiques », cessaient de bien fonctionner ou engendraient le chaos politique, on recourait à la dictature salvatrice de type romain (dont Carl Schmitt avait brillamment analysé l’origine et le fonctionnement, tout en en dressant la typologie) ; aujourd’hui, dans le cas belge, on n’a recours à un beau « rien », astuce commode qui permet d’éviter un autre type de dictature, comme celui qu’on a parfois imposé en Amérique latine ou en Afrique, c’est-à-dire la forme de dictature qui a pour mission de maintenir aussi longtemps que possible un état de faiblesse au bon gré des instances mondialistes, qui en profitent.

Si les commandes allemandes diminuent, si aucune décision importante n’est prise et si la dette publique demeure trop élevée, la Belgique est évidemment candidate à la faillite étatique, au cas où certains groupes, dans les milieux ploutocratiques américains, auraient tout d’un coup l’idée de spéculer à ses dépens comme ce fut le cas pour la Grèce, le Portugal ou l’Irlande. Pour ces groupes, qui visent l’affaiblissement de l’Europe et de la zone euro dans son ensemble, ce serait une belle aubaine car ils ne frapperaient plus à la périphérie de l’Union cette fois, mais en son centre. On peut énoncer dès lors l’hypothèse que la mondialisation voulue par Roosevelt, son épouse et les cartels américains des années 30 et 40 permet certes la paix, une pax americana, mais quelle paix ? Une paix où divers « soft powers » peuvent neutraliser n’importe quel pays de la planète sans recours à la chose militaire. Nombreux sont donc ceux qui ont intérêt à perpétuer le blocage des institutions belges. Ainsi, chaque fois que l’on peut entrevoir des accords pointer à l’horizon, tout à coup, hop, l’un ou l’autre greluchon politicien soulève une nouvelle polémique et enraye à nouveau la machine. Olivier Maingain appartient à cette catégorie de politiciens bateleurs et irresponsables : nous avions déjà eu l’occasion de souligner l’incongruité de sa personne et celle de son parti. Dans le cas présent, depuis ses foucades dans le Soir des 20 et 22 juin 2011, il prend le deuxième parti francophone du royaume en otage. Au sein de l’architecture politique belge, les libéraux, avec qui Maingain et son FDF (« Front des Francophones ») forment un cartel à Bruxelles, font toujours face à un impératif majeur pour contrer les majorités absolues que détiennent les socialistes (alliés au CdH démocrate-chrétien dans le cadre du pôle de l’Olivier) : dégager une minorité suffisamment forte et chalengeuse dans le cadre de l’ex-Communauté française (et nouvelle Communauté Wallonie-Bruxelles). Sinon, ils sont condamnés à une opposition stérile et de longue durée. L’apport en voix du FDF est donc nécessaire pour que le bloc libéral puisse faire face, en Wallonie et à Bruxelles, au puissant bloc socialiste ou au « pôle de l’Olivier ». La NVA de Bart de Wever est incontournable en Flandre : les libéraux, depuis la foucade de Maingain, sont dans l’impossibilité désormais de négocier avec la NVA et de contourner ainsi la majorité socialiste à Bruxelles et en Wallonie, en formant une majorité fédérale sans les socialistes. Et si de nouvelles élections avaient lieu, nous aurions grosso modo les mêmes scores pour la NVA en Flandre ou alors une légère baisse mais au profit des radicaux du Vlaams Belang, personae non gratae dans les hémicycles en vertu du fameux « cordon sanitaire » qui leur a été imposé depuis leurs premières percées électorales des années 90 du siècle dernier.

(Nouvelle donne depuis la rédaction de cet article : après l’échec des pourparlers entre De Wever, maître du jeu, et les libéraux de Charles Michel, suite au sabotage de Maingain, les négociations avec Elio di Rupo, chef de file des socialistes wallons ont à leur tour capoté, les 7 et 8 juillet 2011 : on ne pourra former ni une majorité de centre-droit ni une majorité de centre-gauche. En attendant, en Flandre, De Wever atteint 40% des intentions de vote dans les sondages).

Un Bruxelles islamo-socialiste ?

L’incident déclenché par Maingain aux dépens du Président Charles Michel du MR libéral, que prouve-t-il ? 1) qu’un blocage surgira toujours en cours de négociations, pour faire capoter celle-ci parce que, quelque part, il y aura à l’œuvre des forces étrangères et/ou occultes qui voudront maintenir cet échec qui arrange leurs calculs ; 2) que le Soir est bel et bien l’instance métapolitique qui orchestre toutes les faiblesses qui affectent le royaume et que son anti-flamandisme (quasi pathologique comme le dénonce la presse flamande) sert plusieurs maîtres extérieurs, dont le citoyen lambda ne soupçonne pas l’existence, car on ne l’a jamais éclairé : a) d’abord les instances américaines, téléguidées par de très efficaces services secrets faisant usage de toutes les roueries imaginées par le soft power, et prêtes à faire feu de tout bois pour affaiblir l’Europe, pourquoi pas en frappant le pays qui abrite ses principales institutions. Le Soir, rappelons-le, est le principal porte-voix en Belgique de la russophobie, de l’hostilité à l’Autriche ou à Poutine, du lobby pro-tchétchène, alors que nos approvisionnements énergétiques dépendent actuellement du bon fonctionnement du tandem gazier germano-russe, qui hérisse les atlantistes donc préoccupe les services spéciaux américains ; b) certains rêveurs parisiens, souverainistes ou autres, qui veulent avancer leurs pions imaginaires en direction de la Meuse et de la Moselle luxembourgeoise et palatine, en croyant ressusciter la « politique des réunions » de Louis XIV, réfutée en son temps par Pierre Paul Rubens et le Chanoine Pieter Stockmans. Dans un tel contexte, le FDF de Maingain, qui n’a d’électeurs qu’à Bruxelles et que dans les communes de la périphérie (arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde/BHV), fait de la capitale du royaume un boulet pour toutes les autres régions du pays, qu’elles soient flamandes ou wallonnes. Un tel destin de boulet n’est guère enviable pour une capitale. Celle-ci dégénère ainsi en un abcès inguérissable fiché dans le flanc des deux régions principales du pays, dans un contexte général et ancien où, déjà, la capitale n’a jamais été fort aimée. A fortiori quand son idéologie dominante devient, par la masse migratoire installée en ses murs, une sorte d’ « islamo-socialisme », véhiculé par Philippe Moureaux, bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean et ponte prépondérant au sein du PS de la région de Bruxelles-Capitale. Cette nouvelle forme de socialisme, à connotations exotiques, est évidemment peu compatible avec les réflexes socialistes autochtones habituels que l’on retrouve surtout en Wallonie mais aussi en Flandre (à Gand notamment).

Pour bon nombre d’observateurs, la scission —ou l’implosion— est dès lors inévitable. Mais, alors, que faire de Bruxelles, des dix-neuf communes urbaines qui composent cette région ? La laisser tomber ? Impossible. En faire un district européen ? Mais l’Europe paiera-t-elle pour la masse immigrée sans emploi ou la refoulera-t-elle hypocritement vers les autres régions, par exemple en rendant, dans l’agglomération, le prix de la vie si cher que ces familles ne pourront plus y survivre ? La capitale du royaume, en l’état où elle se trouve, constitue déjà une gène pour la Flandre qui ne pourra la financer qu’au détriment d’investissements en Flandre même, notamment dans le domaine de l’emploi, à la traine depuis quelques années. En Wallonie aussi, tenir les communes bruxelloises budgétivores à bout de bras ruinerait tout projet raisonnable de maintenir le Hainaut à flot et de développer l’axe Namur/Arlon, pourtant très prometteur. La Wallonie, qui a vécu la tragédie de l’effondrement d’une identité industrielle originale, exprimée par l’art sculptural d’un Wasterlain ou d’un Meunier, a bien entendu intérêt à sortir le plus vite possible de l’impasse, en ne tablant que sur ses seules forces. Autres questions pendantes : le bloc des dix-neuf communes de la Région de Bruxelles Capitale se maintiendra-t-il ? Que vont décider à terme les communes à majorité autochtone où il fait encore bon vivre ? Vont-elles demander à être débarrassées des communes où règnent l’insécurité et le chaos ethnique ? Pour éventuellement être rattachées à la Flandre ou à la Wallonie ?

La nouvelle donne linguistique

Pour réaliser ces projets d’investissements flamands ou wallons, le confédéralisme très avancé voire la scission se présentent aujourd’hui comme seules alternatives viables, alors que le contexte linguistique s’est légèrement transformé : 1) le français recule partout en Flandre au profit de l’anglais ; ce n’est pas dû à de la mauvaise volonté, c’est, à notre sens, la disparition générale du latin dans les curricula scolaires qui fait reculer le français partout en Europe (aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grande-Bretagne) ; jadis, seuls les bons latinistes acquerraient une maîtrise exemplaire du français en sortant de leurs études secondaires. 2) Le néerlandais n’est pas en recul en Wallonie, contrairement à ce que l’on croit généralement en milieux nationalistes flamands. L’immersion linguistique dès la première année du secondaire est très populaire en Wallonie, surtout le long de la frontière linguistique dans les bourgades disposant de bons collèges ou dans les petites villes. Cette immersion est fort bien organisée par les directions et les pouvoirs organisateurs des écoles : ils recrutent très souvent des Flamands ou des citoyens néerlandais pour assurer en langue néerlandaise les cours d’histoire, de sciences et de géographie, outre le cours de néerlandais proprement dit, ce qui permet aux jeunes d’être immergés pendant dix heures par semaine dans la langue néerlandaise à un âge où la réceptivité linguistique et surtout lexicale est optimale. 177 écoles wallonnes pratiquent cette politique pour le néerlandais, 36 pour l’anglais et 6 pour l’allemand (le long des frontières allemande et luxembourgeoise). Les nationalistes flamands devraient avoir une oreille attentive, voire un regard fraternel pour ceux qui oeuvrent véritablement à la diffusion de la langue néerlandaise et à déconstruire tous les préjugés négatifs que des générations de sots ont attachés à la langue du nord du pays. 3) Beaucoup plus de Wallons qu’auparavant travaillent désormais en Flandre, dans de bons boulots. Les Flamands sont certes moins nombreux à travailler en Wallonie mais ceux qui y ont déniché un boulot, comme cette dame d’un restaurant populaire de notre bonne ville de Namur, s’y sentent bien « parce qu’on y est moins stressé » (« minder stress »).

Ces trois remarques sur la nouvelle donne linguistique ne doivent pas servir à nos yeux, à justifier un néo-belgicisme, ou un « nouvel ordre de marche » à la Joris Van Severen, mais à éveiller un sentiment d’équité : l’autre n’est plus forcément perçu comme un « dangereux alien » mais comme un « partenaire différent, riche de sa différence ». Dans une telle perspective, Maingain, son parti et leurs obsessions apparaissent comme de pénibles anachronismes, portés par un électorat âgé et déphasé. Lors d’une fête du FDF, tenue sur une péniche amarrée le long du Canal à Bruxelles, un de nos observateurs discrets avait pu remarquer une majorité de vieux bavouilleux, devant qui se pavanait le Maingain. Le problème majeur est donc celui de Bruxelles, qui n’est plus en phase avec les autres régions du royaume, qui déguise ses anachronismes mentaux en « défense de la liberté des francophones ». En Wallonie, les régionalistes, qui ne veulent plus de la Communauté Wallonie/Bruxelles (ex Communauté française), sont en somme les représentants d’une certain raison politique et les alliés potentiels de la NVA, tout en ne niant pas les spécificités wallonnes au profit d’un compromis à la belge ou d’un belgicisme d’ancienne ou de nouvelle mouture.

Quel rayonnement possible pour la Wallonie ?

Reste à aborder la question du rayonnement de la Wallonie, moins repérable que celui de la Flandre à l’étranger. La Flandre a une identité suffisamment forte, surtout grâce à son incomparable patrimoine architectural et pictural, pour rayonner en tant que Flandre dans son environnement européen. La Wallonie possède aussi un patrimoine architectural et pictural incomparable mais il semble plus largement ignoré de nos voisins, rebutés par les chancres industriels, résidus d’une révolution industrielle qui appartient bel et bien au passé. La réponse que les régionalistes wallons conscients du boulet que représente désormais Bruxelles pour les deux autres régions du pays pourraient être de donner une dimension proprement wallonne à la romanité francophone de l’aire nord-est du parler d’oïl. Les pistes sont nombreuses : coupler la réalité historique (et donc nécessairement impériale/bourguignonne et sociale/syndicaliste) de la Wallonie aux espaces contigus du « Nord/Pas-de-Calais », de la Lorraine, voire au-delà même de l’espace d’oïl, en direction de la Suisse romande, de la Savoie et de la Franche-Comté de parlers franco-provençaux. Beaucoup de régions de France en ont assez de l’oblitération exagérée que leur imposent Paris et le centralisme. L’espace aujourd’hui hexagonal recèle de multiples identités en acte ou en jachère et, dès le début du 15ème siècle, en pleine épilogue de la guerre de Cent Ans, Armagnacs et Bourguignons suggéraient déjà des possibles différents pour ce que l’on appelle désormais l’ « espace gaulois ». L’historien Schnerb a magnifiquement mis en exergue l’idée bourguignonne. La personnalité de Louis XI, premier centraliste, a été analysée de manières différentes au cours de ces dernières décennies : après une hagiographie qui a fait date, celle de Murray, qui voyait en Louis XI le vrai fondateur de la France moderne, nous avons eu celle de Jacques Heers, peu flatteuse pour celui que les Bourguignons et nos ancêtres appelaient l’ « Universelle Aragne ». En Wallonie, la littérature contemporaine possède deux joyaux sur le sujet : les ouvrages où Gaston Compère fait parler d’abord Charles le Téméraire (le « Hardi ») ensuite Louis XI. Dans le témoignage d’outre-tombe qu’énonce le Téméraire, nous décelons la nostalgie d’un projet inachevé. Dans le témoignage de Louis XI, nous décelons la satisfaction de la tâche accomplie. Mais cette tâche accomplie a légué un centralisme politique, sans la dimension culturelle et musicale des fastes de Bourgogne, un centralisme qui déçoit aujourd’hui et qui incite à découvrir, par une travail d’archéologie mentale, ce qui a été refoulé depuis l’œuvre d’unification et d’homogénéisation de l’ « Universelle Aragne ».

Reverdir la langue française

Ce travail d’archéologie s’accompagne, comme jadis chez les Félibriges provençaux, d’une volonté de retrouver des parlers vernaculaires et les idiotismes régionaux, non pas pour exalter le particulier en tant que tel, mais pour étoffer les langues d’oïl et d’oc par recours aux lexiques vernaculaires. Cet exercice s’avère particulièrement utile à une époque où le français recule, où les emprunts ne se font plus que par l’intermédiaire du franglais ou ne relèvent que de fabrications modernes biscornues. Dans son ouvrage remarquable sur les « linguicides », Jacques Olivier Grandjouan dénonce justement les journalistes, médiacrates ou traducteurs peu scrupuleux qui empruntent indûment à l’anglais, à l’américain ou au franglais, des tournures (syntaxiques et lexicales) ou des vocables qui ont pourtant des équivalents romans, stylistiquement plus corrects. Calques et emprunts défigurent la langue et le recours aux multiples formes de vernaculaire pourrait y remédier avec élégance. Ce serait là un projet identitaire formidable : recourir au vernaculaire pour transcender le vernaculaire pur et simple.

Le 19ème siècle avait connu des projets similaires en Belgique, où la langue romane devait se démarquer de Paris en optant pour des « éléments raciques » propres qui étaient souvent des calques malhabiles de germanismes issus des langues néerlandaises et allemande. On ne va pas troquer des calques franglais pour des calques « fralmands » ou « néerlançais ». On trouve de tels néerlandismes chez De Coster, où leur usage confine exceptionnellement au génie, ou encore chez Emile Verhaeren, où ils donnent à sa poésie une dimension charnelle et quasiment plastique qui demeure étonnante. Mais on ne saurait multiplier à l’infini cette technique littéraire. Les recours au vernaculaire ne peuvent se faire, à notre sens, qu’au sein d’un seul espace linguistique, celui de la germanité ou celui de la romanité. Les locuteurs de langues ou de dialectes romans doivent emprunter aux autres langues ou dialectes romans, quitte, s’il le faut, à retrouver des germanismes romanisés remontant aux Francs, aux Alamans ou aux Burgondes, comme il en existe d’ailleurs dans notre français officiel (haïr, héraut, heaume, thorpe, maréchal, bedot, esquif, etc.).

Le projet bourguignon, plus ouvert sur l’Europe centrale et sur l’espace de la Mer du Nord (Angleterre et Scandinavie) au 15ème siècle que le projet armagnac, se concrétisera en une idée européenne avant la lettre par la « Grande Alliance » entre Habsbourg et Bourgogne (le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien de Habsbourg) puis par la « Grande Alianza » entre Habsbourg/Bourgogne et Castille/Aragon (le mariage de Philippe le Beau et Juana la Loca). Le projet bourguignon débouche sur l’idée européenne traditionnelle (et non moderne). Le projet armagnac débouche sur le repli sur l’Etat-Nation. Le projet bourguignon fédère les identités locales ; le projet armagnac les oblitère. C’est pourquoi nous trouvons en France, aujourd’hui plus encore qu’hier, un mouvement sous-jacent d’adhésion et d’engouement pour les terroirs charnels, notamment chez des auteurs comme Jean Giono, Henri Vincenot, Marcel Pagnol, René Thomasset, Marc Augier dit « Saint-Loup » ou Jean Mabire, sans compter les innombrables auteurs qui écrivent des romans ou retranscrivent des récits propres à leur région. Les œuvres de Giono et de Pagnol ont été transposées en films de grande qualité. On songe surtout au « Hussard sur le toit » de Giono ou à « Manon des sources » de Pagnol, avec Emmanuelle Béart dans le rôle de Manon, où, un moment, elle danse nue en pleine nature, avec une grâce sans pareil. La littérature ruraliste est abondante en France aujourd’hui, bien qu’il faille, dans cette abondance, trier le bon grain de l’ivraie. Le cinéma wallon s’est fait une spécialité de croquer les drames sociaux depuis les années 30. Cela a donné des œuvres de génie mais il serait bientôt utile d’exploiter d’autres filons.

Les novlangues n’ont pas d’arrière-fond vernaculaire

Mais quel pourrait bien être l’utilité de ce recours au vernaculaire pour étoffer le français, langue en recul dans les établissement d’enseignement, partout en Europe ? Tout centralisme culturel facilite les opérations des soft powers étrangers. La sphère médiatique est plus aisément investie, si elle a été au préalable homogénéisée par une langue fermée sur elle-même, ne recourant plus à son fond vernaculaire. Un projet de subversion fondamental comme celui de la « nouvelle philosophie » n’aurait pas été possible dans un espace culturel plus pluriel et plus vivant : les novlangues, pour se maintenir et imposer leurs répétitions inlassables, ont besoin d’un espace qui a été au préalable balisé, épuré, sans plus aucun recours possible à un « reverdissement » par la langue spontanée du peuple, qui se gausse de la langue figée des clercs et la brocarde (cf. Mikhail Baktine, spécialiste russe de Rabelais). En Belgique, le Soir, qui ne s’ouvre jamais au vernaculaire et abhorre ce qui relève d’une Flandre jugée telle, est précisément la gazette qui reproduit tous les poncifs de la langue des clercs, du « politiquement correct » et de la novlangue actuelle (fabriquée par les agences médiatiques américaines et relayée par les officines de la « nouvelle philosophie » à Paris). Heureusement, son lectorat fond comme neige au soleil : des 329.000 lecteurs qu’il comptait pendant la seconde guerre mondiale, quand Hergé y publiait les aventures de Tintin, il ne lui en reste plus que 80.000 disent les statistiques (et 62.000 disent les « méchantes langues », heureuses de voir disparaître ce chancre, cette tumeur, dans le désintérêt général).

Grande Néerlande ou rapports normaux avec les Pays-Bas ?

Le projet bourguignon n’a jamais séduit les Flamands. Il n’a jamais été inclus dans leur mythologie nationale. L’écrivain condrusien Gaston Compère, et avant lui d’autres auteurs wallons séduits par Philippe le Bon et Charles le Téméraire, reprochent aux Flamands d’avoir fait le jeu de la France, de Louis XI et de François I en se révoltant contre les Ducs ou contre Charles-Quint. Compère adresse les mêmes reproches aux villes d’Alsace : d’avoir cultivé un particularisme urbain sans vision d’envergure contre un grand projet lotharingien qui aurait pu consolider l’Europe. Par ailleurs, l’histoire récente du mouvement flamand a été tiraillée entre partisans d’un projet grand néerlandais et partisans d’une Flandre indépendante seule, sans fusion avec le voisin du Nord. Les frères De Wever, aujourd’hui, critiquent les projets grands néerlandais, dérivés des idées lancées par Joris van Severen dans les années 20 et 30 du 20ème siècle, en les posant comme « irréalistes » et « fascisants » (on ne voit quel « fascisme », pourtant, transparaîtrait dans les réalisations du projet Benelux). La querelle des historiographies n’est donc pas simple à mettre en cartes dans l’espace belge. Quoi qu’il en soit, des liens privilégiés avec les Pays-Bas sont nécessaires pour les raisons suivantes : 1) les liens culturels et littéraires entre la Flandre et les Pays-Bas ne peuvent plus être niés, de même que les acquis historiques, économiques et politiques du Benelux ; 2) les provinces néerlandaises du Brabant septentrional, du Limbourg et de la Zélande sont géographiquement, sentimentalement, religieusement (forte dominante catholique) très proches des provinces flamandes limitrophes, tandis que les zones d’urbanisation très dense du Randstad hollandais déplaisent, car il y règne une culture calviniste ou post-calviniste permissive que ne connaît guère la Flandre. 3) La Wallonie est liée aux Pays-Bas par l’artère mosane ; Liège est effectivement un port de mer via le Canal Albert qui mène à Anvers et via la Meuse qui mène à Rotterdam. 4) La Flandre, les Pays-Bas dans leur ensemble et la Wallonie sont liées étroitement, sur le plan économique surtout, à la Rhénanie du Nord/Westphalie. La Wallonie, surtout sa part ardennaise et luxembourgeoise est, de surcroît, liée à la Rhénanie/Palatinat. Cette dynamique féconde, qui a même permis de parler d’une adhésion future de la Rhénanie du Nord/Westphalie au Benelux, pourrait à terme englober la Lorraine et l’Alsace. Il serait fondamentalement idiot de nier ces dynamiques et de ne pas y participer ou de développer des archaïsmes qui empêcheraient une adhésion pleine et entière des âmes, des cœurs et des intelligences pragmatiques aux projets qui naîtraient au sein de cette synergie transfrontalière, où se télescopent trois langues. 5) Les querelles belgo-belges masquent généralement le seul projet qui a fonctionné dans la région au-delà des clivages linguistiques : l’Euro-Région, qui regroupe la province néerlandaise du Limbourg (autour de Maastricht), la province flamande du Limbourg, la province wallonne de Liège, la Communauté germanophone de Belgique, le Grand-Duché du Luxembourg et les Kreise d’Aix-la-Chapelle et de Düren en Rhénanie du Nord/Palatinat.

De Frédéric III au Zollverein

Certains patriotes allemands s’inquiètent de cette évolution : ils craignent de voir les provinces occidentales de l’ensemble allemand actuel se fondre dans une entité sans substance identitaire, de type eurocratique. On peut comprendre cette inquiétude. Il convient toutefois de leur rappeler que l’idée d’un « Zollverein », d’une union douanière, a précédé le nationalisme proprement dit en Allemagne. Il s’agissait de reconstituer un « baldaquin » économique pour remplacer le baldaquin impérial, après l’autodissolution du Saint Empire à l’époque des grandes victoires napoléoniennes. La province belge du Luxembourg, le Grand-Duché et les deux provinces du Limbourg ont fait partie, à un moment ou à un autre, du Zollverein, tant et si bien que l’hymne national allemand parle d’unité de la Meuse au Memel. On ne peut parler de Meuse que si ce fleuve a formé une frontière occidentale : c’était celle du Zollverein quand le Limbourg actuellement néerlandais en faisait partie. Ensuite, il y aurait lieu de reconstituer une Mitteleuropa tout entière sur base d’une sorte de nouveau Zollverein. L’historien se souviendra d’un mémoire rédigé pour l’Empereur Frédéric III au 15ème siècle. Il avait été rédigé par Aeneas Silvius Piccolomini, futur pape Pie II, érudit italien qui avait retrouvé le manuscrit de Tacite sur la Germania antique. Pour l’Empereur Frédéric III, le futur Pie II rappelait que le Saint Empire devait sa solidité à la Bohème (l’héritage des Bohème/Luxembourg) et à l’espace brabançon (le bassin de l’Escaut à l’est de ce fleuve flamand, jusqu’à la Meuse, avec pour pièce centrale la riche « Hasbania » des Carolingiens, la Hesbaye, le Haspengouw). Ce rapport a été rédigé à l’époque du grand projet bourguignon et a probablement induit le vieil Empereur méfiant à consentir au mariage de son fils Maximilien I avec la Duchesse Marie de Bourgogne, assaillie par le Roi de France. Frédéric III, déjà maître des terres de Bohème, se dotait de cet espace brabançon, s’offrant du même coup une fenêtre sur la Mer du Nord et un accès au commerce maritime par cabotage avec l’Espagne et le Portugal. Le projet avait reçu l’aval de Marguerite d’York, veuve de Charles le Téméraire et belle-mère de la jeune Marie. A méditer en nos jours, où les fleurons de l’industrie automobile britannique, comme Bentley et la fameuse Mini, sont passés en des mains bavaroises, en l’occurrence BMW, qui loue les services d’un « designer » flamand, celui-là même qui avait dessiné les carrosseries de Skoda pour le compte de Volkswagen. Ce concurrent des grands Italiens que furent Ghia et Pininfarina a notamment dessiné la belle carrosserie de la Bentley, empruntée par Elizabeth II pour se rendre au mariage de Kate et William.

Quelques suggestions pour le nouveau rédacteur en chef du « Soir »

L’espace scaldien-mosan a donc un avenir, indépendamment d’un personnel politique wallon ou flamand qui ne vaut rien, qui ne représente que l’écume du peuple. Les hommes et les femmes de valeur oeuvrent ici et partout mais dans des espaces non politisés. Mis à part quelques figures un peu grotesques du showbiz ou quelques artistes déjantés, le Soir ne parle jamais des réussites réelles. La clique à Maingain ne s’intéresse pas davantage à ces réalisations substantielles, tout occupée qu’elle est à ses intrigues clochemerlesques. Les chancres bruxellois que sont le Soir et le FDF ne nous permettent pas de nous ouvrir avec enthousiasme et passion à toutes ces nouveautés potentielles, auxquelles pourraient participer les jeunes Wallons qui ont fait, pendant toutes leurs études secondaires, l’expérience de l’immersion. Le temps des crétins et des zozos, des crapules et des pourris, pourrait bien prendre fin dès l’avènement sur la scène politique de jeunes loups, « ex immergés ». Mais leur laissera-t-on la bride sur le cou ou les forcera-t-on à émigrer pour perpétuer ad infinitum le glauque marais de notre politique politicienne ? L’espace scaldien et mosan produit d’innombrables sagas personnelles, des « vitae » pour paraphraser Hannah Arendt, lectrice plus qu’attentive du philosophe de l’authenticité existentielle, Martin Heidegger. Pour échapper à l’inexorable faillite qui le guette, le Soir pourrait, par exemple, publier des entretiens avec nos grands universitaires qui oeuvrent en médecine notamment ou avec le « designer » flamand qui dessine les carrosseries des Bentley ou avec les Muvrini corses (pour faire découvrir un fleuron de la plus belle musique vernaculaire), avec des juristes de Suisse romande pour apprendre comment fonctionne un véritable fédéralisme, avec les producteurs jurassiens de ce délicieux fromage local qu’est la cancoillotte, avec les animateurs de l’Euro-Regio ou du carnaval de Malmédy, avec les protagonistes de l’affaire Sarrazin en Allemagne ou du débat lancé sur l’islam par les auteurs flamand Sam et Wim van Rooy. Les thèmes intéressants sont légion. Ils n’appartiennent cependant pas au « politically correct », du moins au sens très restrictif où l’entendent les sycophantes du Soir. Mais leur exploitation rédactionnelle serait de l’air frais. Enfin.

Car ce n’est pas tant d’un gouvernement dont nous avons besoin. Ce serait de toutes les façons un gouvernement de loques, de corrompus, de crapules et d’idiots. Nous avons besoin d’air frais pour dissiper les miasmes dont nous crevons.

LE SOMMET EUROPEEN : DES POLITICIENS CALAMITEUX !

par Pieter Kerstens

Il est affligeant de constater que malgré les déclarations lénifiantes des majorités libéro-socialo-écolo-marxistes qui disposent du pouvoir absolu, souvent depuis de longues années, la situation économique, financière et sociale ne s’améliore nulle part en Europe, bien au contraire !

Après l’épisode ubuesque de la création d’un « Fond Européen de Soutien Financier » en mai 2010, afin de colmater les trous dans le budget des Grecs, ce sont l’Irlande et le Portugal (avant l’Espagne…?) qui ont mendié une « rallonge » aux Pieds Nickelés du gouvernement mondialiste : FMI, BCE et Union Européenne entre autres.

Les mêmes erreurs se répètent à 3 ans d’intervalle par manque de courage, de laxisme, d’hypocrisie et de mensonges. Il eut mieux valu, à l’été 2008, s’adresser aux peuples d’Europe pour les instruire des magouilles des banksters, pour les avertir des gouffres de la dette publique de chaque Etat en Europe et pour informer les citoyens de la fin de l’Etat Providence.

Sans remise en cause des options choisies par les chantres de la démocratie totalitaire, le Régime fonce dans le mur et conduit l’Europe à un désert économique et à une société d’assistés où déjà 20% de la population active est sans emploi !

Qui aura donc le courage de tenir un langage de vérité ?

 Qui voudra donc engager nos pays vers un retour à la confiance des citoyens en des gouvernements de bon sens ?

Qui amènera les forces vives de notre société à rétablir les valeurs fondamentales de notre civilisation, garantes du bien commun dans l’intérêt général ?

Qui, après avoir reconnu l’échec du multiculturel et du pluriethnique, aura la volonté d’inverser le flux migratoire, d’instaurer la préférence européenne et de promouvoir une réelle politique nataliste en faveur des familles européennes, seule solution pour enrayer notre déclin démographique ?

Par manque de clairvoyance, de compétences et d’efficacité, les intérimaires du Sommet Européen, qui se réunira ces 23 et 24 juin à Bruxelles, ne font que reporter dans le futur des mesures drastiques qui nous toucheront tous, à savoir une réduction effective de notre niveau de vie -et de notre pouvoir d’achat- plus pénalisante aujourd’hui qu’hier, mais bien moins que demain.

C’est à en pleurer de rire, si cela était comique …

Dernières nouvelles de la Belgique

par Georges FELTIN-TRACOL

C’est avec beaucoup d’humour que des milliers de Belges ont célébré dans les rues, le 17 février 2011, l’exploit dorénavant détenu par leur pays, celui du plus grand nombre de jours au monde sans gouvernement, soit 249 depuis les élections législatives du 13 juin 2010. Or, comme le remarque Jean Quatremer, « si on retient le 26 avril, date de la démission d’Yves Leterme […], le record est enfoncé depuis le 8 février. Sur cette base, le royaume en est aujourd’hui à 298 jours sans gouvernement (1) ».

Examinons rapidement la situation politique. Depuis les législatives anticipées de juin dernier, les institutions sont bloquées, faute d’un compromis politique. Les élections ont vu le triomphe en Flandre de la Nouvelle Alliance flamande (N.V.A.) de Bart De Wever aux dépens des démocrates-chrétiens et des libéraux. En Wallonie et à Bruxelles, les électeurs ont renouvelé leur confiance envers le Parti socialiste (P.S.) d’Elio Di Rupo. Au lendemain du vote, des journalistes – optimistes – estimèrent qu’une entente gouvernementale entre De Wever et Di Rupo serait souhaitable, certains pronostiquant même que le socialiste deviendrait le tout premier chef du gouvernement fédéral francophone depuis les années 1970. Dans les faits, les différentes négociations entre le N.V.A., le P.S., les démocrates-chrétiens flamands, les libéraux flamands, leurs homologues francophones, les démocrates humanistes wallons (des démocrates-chrétiens laïcisés) et les socialistes flamands achoppent sur trois points principaux : la large dévolution aux régions de compétences fédérales, le sort de l’arrondissement électoral et judiciaire de Bruxelles – Hal – Vilvorde et la régionalisation de la Sécurité sociale. Le roi des Belges, Albert II, a bien tenté de relancer les discussions en nommant une kyrielle d’informateurs, de pré-formateurs, de médiateurs, de formateurs, d’explorateurs, de rapporteurs, etc., dans l’espoir de parvenir à la constitution d’un gouvernement. Rien n’y fait.

Un gouvernement-fantôme, vraiment ?

 

Vainqueur des élections, Bart De Wever pose comme conditions préalables l’acceptation par les partis francophones de la « Dévolution » et d’une cogestion de la région bruxelloise. Face à leur refus, il freine les pourparlers, aidé par les démocrates-chrétiens tétanisés à l’idée de perdre encore plus d’électeurs au profit du N.V.A. ! Du côté des francophones, les responsables politiques pratiquent l’intransigeance. Ils rejettent toute régionalisation de la Sécurité sociale et exigent au contraire une extension du territoire de Bruxelles Région – Capitale. Celle-ci engloberait des communes flamandes à majorité francophone ainsi que les villes les plus aisées de Belgique. Cette extension lui permettrait en outre de s’assurer d’une contiguïté territoriale avec la Wallonie et ainsi cesser d’être une enclave en Flandre.

Les commentateurs du microcosme politique belge signalent pour leur part que Bart De Wever prône l’« évaporation de la Belgique » et qu’il ne voit par conséquent aucun problème que le pays n’ait plus de gouvernement fédéral. Pour les Français, cette vacance du pouvoir rappelle les longues crises de la IVe République ou l’instabilité chronique de l’Italie dans les décennies 1970 – 1980. Cependant, la situation belge ne correspond ni à la France de René Coty, ni à l’Italie des « Années de plomb ». En effet, il existe bien un gouvernement fédéral ! Mieux encore, la Belgique en compte sept ! Loin du vide, on aurait plutôt affaire à un trop plein.

Certes, le Premier ministre belge, le démocrate-chrétien flamand Yves Leterme, a remis sa démission à Albert II, le 26 avril 2010. Depuis, Leterme occupe toujours la fonction et gère, selon la formule consacrée, « les affaires courantes ». Fort des précédentes « gestions courantes » développées lors des crises gouvernementales des décennies 1970 et 1980, Leterme dirige sans prendre de décisions vitales. (il ne peut pas nommer de hauts-fonctionnaires). Cette fragilité n’a pas empêché la Belgique de présider l’Union européenne (l’U.E.) de juillet à décembre 2010… Tout dernièrement, craignant une aggravation de la crise économique et financière, le roi a demandé à Leterme de préparer un nouveau budget avec le risque de violer tant l’esprit que la lettre de la Constitution. Par ailleurs, ce n’est pas grave si le ministre fédéral de l’Agriculture ne peut plus trancher. Par le jeu du fédéralisme, la compétence des affaires agricoles revient aussi aux gouvernements régionaux flamand, bruxellois et wallon dont les représentants assistent aux conseils des ministres de l’U.E. Cette pratique quotidienne du pouvoir renforce plutôt la thèse de Bart De Wever : l’« évaporation » de la Belgique est en marche et il adviendra à terme une Confédération belgique.

Un retour à 1790 ?

 

Dans l’excellent entretien qu’il accorde à Éléments, Luc Pauwels, ancien directeur de la revue métapolitique flamande TeKoS, décrit Bart De Wever comme un « historien très érudit [qui] n’est pas un démagogue (2) ». Il ajoute que le président de la N.V.A. aime se définir comme « conservateur et rebelle » et que « son penseur favori […] est le philosophe et politicien irlandais Edmund Burke (1729 – 1797), le patriarche du conservatisme anglais, connu pour ses Réflexions sur la Révolution en France (3) », un essai paru en 1790. Cette année-là présenterait-elle pour De Wever un intérêt particulier ? Pour les Français, 1790 correspond surtout à la piteuse Fête de la Fédération qui paraissait clore l’« émotion » révolutionnaire de 1789. Or, au même moment, ce qui sera un jour la Belgique et qu’on nomme alors les « Pays-Bas autrichiens » se trouvent en pleine agitation révolutionnaire. Despote éclairé, l’empereur Joseph II a voulu rationaliser son administration territoriale. Par un édit pris le 1er janvier 1787, il a aboli les institutions traditionnelles des provinces des Pays-Bas autrichiens. Très attachés à leurs instances locales, les habitants des Pays-Bas autrichiens marquent leurs mécontentements et soutiennent « deux courants politiques opposés : les Vonckistes, partisans de réformes politiques plus radicales, et les Statistes (plus nombreux), partisans du retour à l’ancien système (4) ». Les événements français de 1789 (la prise de la Bastille, puis la « Grande Peur ») favorisent la révolte des Pays-Bas autrichiens, à l’exception du Luxembourg qui demeure fidèle à l’Empereur. L’été 1789 voit Liège chasser son évêque et « chaque province proclame[r] son indépendance (5) ». C’est la « révolution brabançonne » ! Ensuite, « un Congrès s’est réuni à Bruxelles pour statuer sur l’avenir des provinces révoltés; il rassemble des députés de chaque province, sauf du Luxembourg (6) ». Imitant l’exemple des États-Unis, « le 10 janvier 1790, les députés proclament la république des États Belgiques Unis, fédération inspirée du modèle américain, regroupant l’ensemble des provinces autrichiennes, hormis le Luxembourg. Le nom de Belgique, vieille appellation datant de l’époque romaine, réapparaît ainsi pour la première fois (7) ». Les querelles intestines entre Statistes et Vonckistes renforcent l’Autriche qui réoccupe les États Belgiques Unis en novembre – décembre 1790. Malgré cette fin soudaine, Bart De Wever ne serait-il pas un nostalgique de cette expérience fédérative conservatrice ? Un héritier lointain de van der Noot ?

Pour l’heure, l’opinion francophone considère le président de la N.V.A. comme un jusqu’au-boutiste flamand. C’est aussi l’avis de certains Flamands attachés à l’unité du royaume. Le 17 février dernier, ces ardents Belges ont donc manifesté. Ils refusent la scission de la Sécurité sociale et réclament « la création d’une circonscription électorale fédérale afin qu’une partie des élus soit responsable devant les deux grandes communautés linguistiques du pays (8) ». Les médias ont alors parlé d’une « révolution de la frite » qui entend s’opposer à l’effritement du pays. Cette initiative s’ajoute à la demande du comédien Benoît Poelvoorde de ne plus se raser le visage ou d’une sénatrice belge qui appelle ses concitoyennes à faire la grève du sexe ! Verra-t-on les prochaines semaines un embargo sur le hareng ou la rétention des célèbres blagues belges ?

Plus sérieusement, le blocage institutionnel peut-il aboutir à des « circonstances exceptionnelles » qui apporteraient une solution extra-constitutionnelle ? Imaginons qu’un membre de la famille royale canalise la « révolution de la frite », force le Parlement à réviser la loi électorale malgré la vacance exécutive et impose cette fameuse circonscription électorale fédérale. Hypothèse invraisemblable parce qu’Albert II est âgé et pourrait abdiquer, que son fils aîné, le prince héritier Philippe, n’est pas « intellectuellement et caractériellement incapable d’assumer les responsabilités d’un chef d’État (9) » et que son frère Laurent a été impliqué dans une affaire de fraude. C’est à se demander que leur seul membre viril serait leur sœur, la princesse Astrid, archiduchesse d’Autriche-Este… Si s’effectuait ce « coup de poing » du palais et de la rue, quelle serait alors la réaction des Flamands qui représentent quand même 60 % de la population ? La Flandre proclamerait-elle son indépendance unilatérale et annexerait-elle Bruxelles ? Cela n’accélérerait-il pas finalement l’éclatement de la Belgique ?

La revanche du Luxembourg

 

Le risque d’éclatement existe selon Luc Pauwels. Il souligne que le Brabant wallon « vit en symbiose avec » Bruxelles (10). Cette province suivrait sans doute le sort de la Région-Capitale. Quant aux contrées germanophones d’Eupen – Malmédy, elles s’interrogent déjà sur leur avenir. « Le Premier ministre de la Communauté germanophone, Karl-Heinz Lambertz, a déclaré ouvertement qu’en cas d’éclatement de la Belgique, les germanophones pourraient reprendre leurs billes et faire un choix entre quatre solutions : suivre la Wallonie, peu importe où elle irait, demander la réunification avec l’Allemagne (dont ils faisaient partie jusqu’en 1920), demander le rattachement au Grand-Duché ou… l’indépendance  » à la Liechtenstein « . […] Le dernier sondage (1992) donnait 37 % pour la solution luxembourgeoise et 14 % pour la réunification avec l’Allemagne (11) ».

Pour l’instant, on assiste surtout à un attrait – nouveau – pour le Luxembourg. Le gouvernement du Grand-Duché vient de réviser son code de la nationalité. L’article 29 de la loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité prévoit que « les descendants en ligne directe paternelle ou maternelle, même né à l’étranger, d’un aïeul luxembourgeois à la date du 1er janvier 1900 […] peut recouvrer la nationalité luxembourgeoise ». Il incombe néanmoins aux demandeurs d’apporter les preuves sur l’identité luxembourgeoise de leurs ancêtres. On sait qu’en 1790, le Luxembourg garda sa fidélité à l’Autriche. Quand la Belgique s’émancipa en 1830 – 1831 du royaume uni des Pays-Bas voulu par le Congrès de Vienne, un conflit opposa Bruxelles à La Haye au sujet du Luxembourg. En avril 1839, le traité des Vingt-Quatre Articles parrainé par les grandes puissances européennes, régla la question par une sorte de jugement de Salomon : « la partie occidentale devint une province de la nouvelle Belgique [dénommée le Luxembourg belge], la partie orientale un État indépendant, le grand-duché du Luxembourg [dirigé à titre personnel par le roi des Pays-Bas maintenus]. La province belge, région agricole et traditionnelle, a toujours boudé une Wallonie considérée comme beaucoup trop à gauche pour elle. On comprend aisément pourquoi, en cas d’un éclatement de la Belgique, nombre de Luxembourgeois belges seraient favorables à une réunification avec le grand-duché, plus encore pour des raisons économiques qu’historiques. […] Dans les années 1990, quelque 40 % des Luxembourgeois belges étaient gagnés à cette solution (12) ». « Des milliers de Belges, rapporte Fanny Bragard, sont des descendants d’immigrés luxembourgeois du XIXe siècle, ce qui leur permet d’effectuer une demande (13). »

Le partage de 1839 fut sévère pour le « Grand Luxembourg » : la part belge reçoit 4400 km2 et les deux cinquièmes de la population tandis que le Luxembourg néerlandais (le grand-duché donc) s’étend sur 2600 km2 avec les trois cinquièmes de la population. Obligés d’entériner cette division sommée par Londres, Berlin, La Haye et Paris, la classe politique belge ne cesse pas de la contester in petto d’autant que « le 28 octobre 1830, le gouvernement provisoire belge [a déclaré] que le Luxembourg fait partie de la Belgique (14) ». Il n’est dès lors pas étonnant qu’« aux pourparlers de paix de la conférence de Paris, la Belgique revendique l’annexion du Luxembourg (son  » Alsace-Lorraine « ). Mais les Luxembourgeois ne l’entendent pas ainsi. Par plébiscite du 28 septembre 1919, ils expriment à une écrasante majorité leur attachement à leur dynastie et leur volonté de rester indépendants (15) ». Aujourd’hui, il semblerait bien que le gouvernement luxembourgeois envisage sérieusement un retour de son Occident détaché en 1839 si implosait l’État belge. Politicien roué, Jean-Claude Juncker, le Premier ministre du Grand-Duché, pourrait soutenir, le cas échéant, auprès de ses collègues du Conseil européen angoissés à l’idée de devoir gérer une crise majeure au cœur même du noyau européen, l’annexion de la Belgique tout en respectant ses spécificités politiques et institutionnelles plutôt que de privilégier une Flandre séparatiste, une situation bruxelloise problématique et une Wallonie géographiquement déboussolée ? L’U.E. accueillera-t-elle prochainement parmi ses États-membres une Union des Pays-Bas du Sud (ou Union Belgique) avec, à sa tête, un Grand-Duc lié à la fois aux Nassau et aux Bourbons-Parme, neveu de l’actuel roi des Belges ?

Notes

 

1 : Jean Quatremer, Libération, 17 février 2011.

2 : « La Belgique : combien de temps encore ? », entretien avec Luc Pauwels, Éléments, n° 138, janvier – mars 2011, p. 42.

3 : Ibidem.

4 : Yves Tissier, Dictionnaire de l’Europe. États d’hier et d’aujourd’hui de 1789 à nos jours, Vuibert, 2008, p. 165. Les Vonckistes – voltairiens et libéraux – sont conduits par Jean-Baptiste Voneck. Les Statistes (conservateurs ou traditionalistes) sont dirigés par Henri van des Noot.

5 : Ibidem, p. 166.

6 : Id.

7 : Id.

8 : Jean Quatremer, art. cit.

9 : Luc Pauwels, art. cit., p. 38.

10 : Ibidem, p. 40.

11 : Id., pp. 39 – 40.

12 : Id., p. 39.

13 : Fanny Bragard, « Des Belges qui veulent devenir Luxembourgeois », 28 janvier 2011, mis en ligne sur le site luxembourgeois Bonjour News 352.

14 : Yves Tissier, op. cit., p. 380.

15 : Ibidem, p. 380.

Article également paru sur le site http://www.europemaxima.com

LETTRE OUVERTE A NOS POLITICIENS

Marre de « votre » Belgique. La Belgique que vous vous acharnez à saloper. Si vous l’aimez tellement, vous pouvez vous y vautrer, comme un porc dans la boue.

SEPT PARLEMENTS ! Car votre bilan est catastrophique. Il y a 50 ans nous avions UN parlement – il y en a SEPT, aujourd’hui. Le citoyen y-t-il gagné quelque chose ? Rien, zéro, nada. Ah ! Pardon, il y a gagné : la complication des procédures ; le moindre papier doit être soumis à l’approbation d’instances diverses qui se contredisent quand elles ne se tirent pas dans les patte.

LES REFORMES DE L’ ETAT N’ INTERESSENT QUE VOUS ! La séparation des Flamands, des Wallons et des Bruxellois résulte-t-elle d’une demande profonde de la population ? PAS LE MOINS DU MONDE ! Le Belge n’est pas demandeur. Vous avez sciemment saboté l’ Etat central et, ce faisant, la bonne marche de l’ Etat. A votre jeu, le citoyen belge est perdant. Seuls gagnants : les politiciens, dont le nombre a été multiplié par 7 depuis 1950 ; les fonctionnaires, dont le nombre a triplé dans le même temps et qui, pour la plupart, sont issus d’un système quasi-mafieux, qui s’appelle le clientélisme.

VOUS FORMEZ UNE CASTE. Et une caste coupée des réalités de tous les jours. Tandis que vous imposez des sacrifices à la population, vous augmentez vos revenus, vous multipliez vos pensions et avantages. Le monde politique est le seul secteur où les revenus n’ont jamais été rabotés ; au contraire, ils n’ont fait qu’augmenter dans des proportions que n’ont jamais connues les travailleurs de ce pays.

VOUS SABOTEZ LA SECURITE. Grâce à vos régionalisations stupides et aux morcellements des pouvoirs, l’agent de police a disparu de nos quartiers et de nos rues. Aujourd’hui, vous faites semblant d’inventer « la police de proximité ». Vous en savez quelque chose : c’est vous qui l’avez supprimée ! Vous avez les yeux de Chimène pour le sort des malfrats envoyés en prison (quand cela arrive, ce qui n’est pas une règle, par votre faute) mais, vous restez sourds aux revendications des agents de l’Etat. Policiers, gardiens de prison mais, aussi, les pompiers : tous sont victimes de votre mépris et de votre incurie.

VOUS ORGANISEZ L’ISLAMOPHOBIE. Oui, l’ islamophobie, c’est vous les responsables ! Vous avez fait venir des travailleurs étrangers et leurs familles, alors qu’il n’y avait plus de travail pour eux (en gros, depuis les années 1970). Vous les avez enfermés dans des ghettos. Vous les avez livrés aux religieux extrémistes – on sait très bien que la détresse et la précarité sont les meilleurs moyens d’en livrer les victimes aux « fous de dieu », quel que soit l’origine de ce dieu.

LES RACISTES, C’EST VOUS ! Ce sont bien les politiciens des années 1960 qui ont lancé des slogans tels que « Walen buiten », « Franse ratten, rol uw matten » (rats francophones, roulez vos tapis). Oui, ces slogans, ce sont des éminences CVP – aujourd’hui, « hommes d’Etat » – qui les crachèrent. Et, on pourrait trouver quelques insultes anti-flamandes des Happart et Moureaux que personne n’oserait adresser à un Congolais ou un Maghrébin. En refusant de réguler l’immigration, vous avez poussé des personnes fragiles dans l’angoisse des lendemains. Comment voulez-vous, qu’abandonnés par les politiques, les travailleurs précaires ne cherchent pas des boucs émissaires ? Et, c’est vous qui jouez aux père et mère La Morale quand vous avez foutu le bordel socioculturel !

VOUS NOUS RUINEZ ! Vous êtes tellement nuls dans la gestion du pays que vous le rendez exsangue. Un seul exemple mais, nous pourrions en donner des dizaines. En ce moment, la dette globale de la Belgique s’élève à 346 milliards 122 millions d’euros (on vous passe les poussières en-dessous des millions !). Depuis le début de la crise, que vous avez voulues et que vous alimentez, cette dette a augmenté de 13 milliards ! Jamais on ne vous entendus proférer le moindre mot à ce propos ! Cela va faire plus de 250 jours que vous vous disputez les bonnes places, sous couverts d’arrangements communautaires, dont les citoyens de fiche comme un poisson d’une pomme. A cause de votre impéritie, la dette de chaque citoyen belge s’élève à quelque 32.000 euros ! Cela fera plaisir aux travailleurs dont vous nivelez les pensions. Et quelle différence avec la Belgique de 1950 qui, avec la Suisse, était le seul pays européen qui n’avait pas de dette extérieure ?

PENDANT CE TEMPS, VOUS VOUS AMUSEZ. Bien sûr, vous nous accuserez de populisme, de poujadisme et, vos obligés dans la presse de gauche et d’extrême gauche relaieront le message. Cela permet de tuer le débat dans l’œuf. Et cependant… Alors que le pays s’endette, vous passez une journée à célébrer l’anniversaire de Caroline Gennez, la présidente du SP.a ! Dans le domaine des urgences, vous avez le sens des priorités…

VOTRE CRISE « COPERNICIENNE » C’EST DE LA FOUTAISE. Il est bien évident que BHV, c’est un prétexte. Comme le furent les Fourons, le »carrousel fouronnais » dont plus personne ne parle. Si solution il y a, ce ne sera que partie remise. Il vous faut un os à ronger pour cacher votre incapacité à diriger la Belgique. La Belgique des gens. Pas «votre» Belgique, celles des gnomes politiques sans vision, sans projet, sans autre plan que la prochaine échéance électorale et la pérennité de votre place et de vos privilèges. Jusqu’à ce que la mort de la Belgique s’ensuive.

Texte extrait du journal satirique PERE UBU-PAN. Journal non subventionné paraissant chaque semaine, le jeudi.

GEERT WILDERS DANS LE GOUVERNENEMENT NEERLANDAIS

proposé par Michel WALTER

Dans un article paru en février 2010 nous vous parlions d’un discours de Geert Wilders. Suite au résultat des élections aux Pays-Bas, Wilders participe au gouvernement et provoque des réactions en chaine.
 Le gouvernement de droite, actuellement en selle aux Pays-Bas, avec l’appui de Geert Wilders, a très clairement provoqué une mutation de fond dans la politique européenne. Même en Allemagne, où, généralement, les réactions face à tout « extrémisme de droite », réel ou imaginaire, sont plus peureuses et hystériques que partout ailleurs dans le monde, pour des raisons historiques évidentes. Or il semble que désormais ce tabou-là, lui aussi, soit mis au rencart. D’abord, avant l’accession de Wilders au gouvernement néerlandais, nous avons eu l’affaire déclenchée par le social-démocrate Sarrazin qui a profondément ébranlé le monde politique allemand. Immédiatement dans la foulée du tollé soulevé par le livre de Thilo Sarrazin, la CSU bavaroise est entrée dans le jeu : elle s’est mise à critiquer la politique allemande de l’immigration, menée jusqu’ici. Et voilà maintenant que la Chancelière Angela Merkel s’y met à son tour en déclarant publiquement que la société multiculturelle, que l’on avait envisagée pour le futur de l’Allemagne, s’est soldée par un échec. Elle a déclaré cette vérité en termes clairs lors d’un rassemblement des jeunes de son parti, la CDU démocrate-chrétienne à Potsdam. « L’Allemagne présente un déficit de main-d’œuvre formée et ne peut donc pas se passer de travailleurs issus de l’immigration », a dit Angela Merkel, « mais ceux-ci doivent s’intégrer et faire leur la culture et les valeurs allemandes ». Et elle a ajouté, de surcroît, que « l’Allemagne n’avait nul besoin d’une immigration qui pèse lourdement sur notre système social ».

(source : « ‘ t Pallieterke », Anvers, 20 octobre 2010).

Commentaires du « Mouvement Identitaire Démocratique :

– Le projet de Wilders, qualifié d’ « islamophobe » par les médias conformistes, est un projet insuffisant dans la mesure où il induit les Pays-Bas à avaliser les politiques d’intervention américaines dans la zone arabo-musulmane ou les politiques agressives d’autres puissances dans cette aire civilisationnelle. Il est souhaitable que les Pays-Bas, comme tous les autres pays d’Europe occidentale, ne deviennent pas aussi ingouvernables que la Bosnie-Herzégovine, à cause de l’immigration et des conflits que celle-ci pourrait générer. Les Etats multiethniques et multiconfessionnels risquent en effet à tout moment la guerre civile comme le Nigéria, l’Inde ou d’autres Etats composites : c’est désormais une vérité qui n’est plus seulement proclamée dans les marges dites extrêmes du monde politique. Il est évident aussi que les Néerlandais détiennent le droit inaliénable de vivre selon des critères culturels néerlandais, sans interférences inutiles. Si l’on veut maintenir l’identité néerlandaise, et même les aspects hyper-progressistes et permissifs de cette identité, on doit certes s’opposer aux dérives d’un islam de plus en plus marqué par le wahhabisme et le salafisme, mais il n’est pas souhaitable, pour autant, de voir la nation néerlandaise attelée à une machine de guerre interventionniste, comme l’est devenue l’OTAN. La culture néerlandaise est certes menacée par l’islamisme virulent de certaines strates sociales inassimilées des périphéries des grandes villes du « Randstad » hollandais, mais elle l’est presque tout autant par l’américanisme, même si elle partage avec celui-ci un fond culturel calviniste et puritain : les Pays-Bas sont aussi pour moitié catholiques désormais, et de ce fait liés à un autre environnement culturel, et pour un bon quart luthériens, proches de l’Allemagne du Nord. De plus, 40% des Néerlandais affirment n’appartenir à aucune religion. L’américanisme sert de modèle à tous ceux qui sacrifient avec frénésie à toutes les manies modernistes, notamment le multiculturalisme dont un bonne part de l’électorat néerlandais cherche aujourd’hui à se défaire.

– Une bonne politique en Europe serait de rejeter unanimement et l’atlantisme et l’islamisme, avec une égale vigueur. Les Pays-Bas ont retiré leurs troupes de Bosnie et d’Afghanistan récemment, comme l’avait demandé d’ailleurs Pim Fortuyn, hostile à la participation des forces néerlandaises à des opérations lointaines où les intérêts directs du pays ne sont pas menacés. C’était une position politique intelligente et raisonnable. Wilders a raison aussi de rappeler le martyr de Pim Fortuyn et celui de Theo Van Gogh : l’assassinat politique ou idéologique, dans un pays où l’on peut discuter de tout, même des sujets les plus scabreux ou les plus insolites, n’est pas de mise. Ceux qui entendent le généraliser au nom d’idéologèmes fondamentalistes, qu’ils soient écologistes ou islamistes, n’ont pas de place dans cette société néerlandaise. Il faut mettre un terme à leurs manigances et à leurs agissements. Il faut mettre un terme à leur présence : quand on réside en Hollande, on s’y trouve pour discuter de tout et du contraire de tout avec les Hollandais, dans la courtoisie ou avec une certaine véhémence, peu importe, et si l’on ne veut pas jouer ce jeu de l’insolence féconde, à la mode de Diogène et des anciens provos, on boucle ses valises et on va s’installer sous d’autres cieux, en renonçant aux bienfaits de l’Etat Providence néerlandais. Si la soupe d’un restaurant ne me plait pas, ou si la musique que sa radio diffuse m’insupporte, je m’en vais chercher une autre crèmerie.

– Wilders n’a demandé que trois choses aux partenaires libéraux de la coalition dont il fait désormais partie : 1) des règles plus sévères en matière d’immigration ; 2) une interdiction de la propagande islamiste la plus extrémiste et 3) une augmentation des pensions pour les personnes âgées. Un programme minimal calqué sur le « deal » pratiqué entre le Parti Populaire danois et les autres membres des coalitions en place à Copenhague depuis 2001.

– Les réactions de bon sens que l’on a vu se multiplier en Allemagne au cours de ces dernières semaines ont certes été amplifiées par le discours bien construit de Wilders à Berlin mais elles doivent davantage au social-démocrate Thilo Sarrazin et à l’appui que celui-ci a reçu de l’ancien Chancelier Helmut Schmidt. En effet, les deux socialistes allemands ont pour objectif de sauver l’Etat social optimal qui fait l’honneur de leur pays, un Etat social aujourd’hui menacé par une immigration indistincte et non triée sur le volet, qui vide peu à peu ses caisses et surtout le vide de toute substance digne de respect. Pour sauver cet Etat, il faut repartir sur des bases nouvelles et rejeter les dogmes récents qui ont fait l’armature du « politiquement correct ». Sarrazin commence son livre par une citation de Ferdinand Lassalle : « Toutes les formes de petit esprit en politique consistent à taire et à dissimuler ce qui existe réellement ». Cette citation est l’indice d’une volonté de revenir aux sources de la social-démocratie allemande et non pas d’en abandonner l’esprit, ni au profit d’un « populisme de droite » ni au profit des salades du « politiquement corrects », qui n’en auraient pas la rigueur, hégélienne et marxienne.

– En revanche, les positions de Wilders en matières sociales ne sont pas claires et le risque, notamment en Flandre, de voir les populistes de toutes moutures calquer leurs réflexes politiques sur ceux de la mouvance de Wilders, est réel. Copier Wilders pourrait équivaloir à prendre pour argent comptant les idées néolibérales que ce dernier véhicule. Certains populistes flamands ont payé cher, lors des dernières élections, un flou dans leurs discours qu’ils n’ont pas su dissiper : étaient-ils des néolibéraux d’un genre particulier (assortis de colifichets nationalistes flamands et de crécelles criaillant à tour de bras « België barst ») ou défendaient-ils, en tant que populistes, les acquis sociaux obtenus par les générations précédentes de chrétiens-démocrates (daensistes) et desocialistes, contre les dérives gauchistes ou pro-establishment des partis du pouvoir, lesquels se revendiquent abusivement de ces étiquettes dont il ne respectent plus l’esprit fondateur ? Ces chrétiens-démocrates et ces socialistes, qui avaient décidé de changer de comportement électoral, qui ne se retrouvaient plus dans les discours énoncés au sein de leurs formations d’origine et qui avaient bel et bien « voté autrement » depuis le « dimanche noir » de novembre 1991, avaient cherché la bonne manière de débloquer la situation : la démocratie vivante n’est jamais qu’une succession d’alternances pour corriger le tir à intervalles réguliers et empêcher ainsi de figer les sociétés ; mais pour éviter le déblocage et maintenir tous les blocages, on avait inventé et appliqué le « cordon sanitaire ». Les mirages néolibéraux, que a présidence d’un parti populiste jadis prometteur prend pour de bonnes formules politiques, ont fait fuir des électeurs qui préfèrent finalement les vieilles et dévotes certitudes, même battues en brèche, de leurs familles politiques d’origine ou le touintouin ou le bling-bling de nouveaux challengeurs comme la LDD d’un judoka ostendais ou la NVA de Bart De Wever. On ne remplace pas impunément des présidents issus des bonnesvieilles marges du militantisme musclé par un pâle technocrate issu du monde inintéressant de l’économie et des affaires. On ne truffe pas un parti de sénateurs ou de sénatrices gadget, dépourvus de culture militante et au ciboulot tourneboulé par toutes les modes et les tics de la société de consommation. Ces personnages, pétris de toutes les fadaises de la culture de pacotille que les médias nous servent depuis une demie douzaine de décennies, se moquent des convictions des militants de toujours ou agacent le bon sens populaire par leurs réflexes venus de ces mondes artificiels de la pub ou de la mode : ils engrangent des voix dans un premier temps, ils font fuir le bon peuple ensuite. Où est le temps où les populistes, aujourd’hui sanctionnés par leurs électeurs, défilaient à Alost autour de la statue du Père Daens, pour marquer leur solidarité avec les travailleurs ? Pourquoi diable ont-ils abandonné ce post-daensisme au moment où la Flandre, justement, amorce une dangereuse récession économique et où Carrefour, Opel et d’autres géants rationalisent et licencient, frappent ménages et familles de plein fouet, avec la complicité d’un établissement que les populistes prétendaient, avant le discours soft de leur nouveau président, jeter à juste titre au dépotoir de l’histoire ?

– Le glissement de terrain en Allemagne est intéressant à observer : nous assistons à l’émergence des premières lézardes dans les certitudes imposées par l’idéologie dominante. Il faut savoir que Thilo Sarrazin a vendu plus d’1,1 million d’exemplaires de son livre Deutschland schafft sich ab (DVA, Munich, 2010, ISBN 978-3-421-04430-3) ; empilés les uns sur les autres, ces volumes vendus atteindraient la hauteur de 40 km, ajoutait un humoriste. Devant un tel succès, le risque existe de voir les socialistes s’emparer des arguments de Sarrazin (ce qui serait somme toute fort peu probable, vu le ballast des mauvaises habitudes). Angela Merkel, pour sa part, craint de voir exploser l’union des forces démocrates chrétiennes allemandes (CDU + CSU), et surtout de donner des ailes au nouveau parti « Die Freiheit » de René Stadtkewitz (qui avait invité Wilders à Berlin). La Chancelière a dû emboîter le pas à tous ceux qui, au sein de l’Union démocrate chrétienne, critiquent les dérives coûteuses de l’immigration, surtout après que le leader politique hollandais eut été ovationné par une foule berlinoise qui avait payé cher le droit de l’écouter. Les Berlinois applaudissaient debout à chaque critique émise à l’encontre de la politique laxiste de la Chancelière. Les militants de Stadtkewitz (photo) sont tous des dissidents de la CDU et ont à présent le vent en poupe. La CDU doit gouverner actuellement avec les libéraux de la FDP : si elle perdait encore des plumes, elle devrait renoncer au pouvoir pour laisser la place aux socialistes, alliés soit aux libéraux (qui ont plus d’une fois adopté la tactique de la girouette), soit à « Die Linke », la formation socialo-communiste de Lafontaine et de Gysi, soit aux Verts. Ce serait alors l’instabilité durable, due aux blocages de coalitions trop hétérogènes. L’Allemagne deviendrait aussi ingouvernable que la Belgique : impossible d’envisager cette perspective car les défis sont trop importants à l’heure actuelle. On ne va pas sacrifier la boutique pour quelques centaines de milliers d’immigrés considérés, à tort ou à raison, comme non intégrés, non intégrables et improductifs, selon les thèses du socialiste Sarrazin.

– Wilders n’est ni un nationaliste ni un populiste de pure eau : dans un article que lui consacre l’hebdomadaire britannique « The Economist » ( « A False Prophet », 9 oct. 2010, p. 40), le journaliste anonyme lui colle l’étiquette de « libéral radical », philosémite et pro-israélien, favorable au féminisme et à l’émancipation homosexuelle, bref, un vrai soixante-huitard qui, tout simplement, n’a pas basculé dans l’islamophilie puisque toute islamophilie conséquente amène à renoncer à tous les autres points du programme de mai 68 et, souvent, à basculer dans un antisémitisme bien plus délirant que celui du III° Reich. Wilders ne dit donc pas adieu à Foucault et à ses rêves d’émancipation généralisée, même si le monde judiciaire commence à tiquer face aux abus collatéraux du féminisme, notamment dans les cas de divorce, et aux abus nés des nouvelles discriminations, inversées sous prétexte qu’elles étaient au départ positives. C’est la raison pour laquelle Wilders reçoit un certain soutien d’Amérique, où le « Washington Times » réclame son acquittement dans le procès que lui intente un procureur néerlandais pour islamophobie. « The Economist » ne participe pas à l’euphorie pro-Wilders de ces cénacles américains ; sa position est la suivante : « Les Américains (et les Européens) devraient se tenir sur leurs gardes et ne pas embrasser les thèses de M.Wilders. S’opposer à l’idéologie islamiste la plus violente est une position légitime, et même nécessaire ; attaquer l’islam et le Coran est une stupidité dangereuse qui contribue à affaiblir la civilisation que M. Wilders prétend défendre ». Nous avons là une position ambivalente, ni chair ni poisson, typique du libéralisme diffus qui gouverne l’Occident et empêche toute prise de décision claire et tranchée. Pour nous, il ne s’agit pas de copier Wilders ou d’applaudir ses discours et tirades sans restrictio mentis. Nous n’intervenons pas dans un discours religieux qui n’a pas ses sources en Europe car nous n’en avons ni le droit moral ni ne possédons les compétences théologiques ad hoc, et aussi parce que nous nous en foutons : nous entendons simplement protéger l’esprit européen contre tout débordement issu de religiosités étrangères qui posent tout ce qui ne procède pas d’elles comme « impie » et, par suite, comme un fatras dont il faut se débarrasser, par le fer et le feu s’il le faut. Admettre de telles positions, c’est ouvrir la voie à la dislocation d’une société (1), tout comme le fait d’avoir admis, il y a trois ou quatre décennies, les entreprises de décomposition de nos sociétés par les idéologies soixante-huitardes dont se targue Wilders, le « libéral radical ». S’opposer à l’islamisme, c’est s’opposer à l’idée de « djalliliyah », qui déclare la guerre à tout ce qui procède de matrices antérieures à l’islam, y compris en terre d’islam, dont notre droit romain, nos autres systèmes de droit, nos héritages, nos littératures, nos mythologies, nos traditions culinaires, nos modernisations diverses, etc.

– Le législateur a cru bon, et nous ne reviendrons pas là-dessus, de criminaliser toute attitude « raciste » consistant à dénigrer puis à discriminer tout ce qui ne provient pas de notre « race ». Donc, pour ne pas appliquer deux poids deux mesures, il doit aussi criminaliser toutes les attitudes qui considèrent comme impies les traditions les plus naturelles et les plus innocentes qui émanent de notre Europe, ou d’autres aires de civilisation, et sapent de la sorte l’harmonie sociale souhaitée par tous. Dans ce cas, il y aurait équilibre et non plus ce déséquilibre actuel qui vicie la bonne marche du vivre en commun. Il ne s’agit donc pas d’attaquer le Coran ou l’islam, ce qui serait aussi incongru que d’attaquer le bouddhisme ou les « Rêveries d’un promeneur solitaire » de Jean-Jacques Rousseau. Il ne s’agit pas non plus d’aller bricoler des mises en scène, comme en Floride, où un fondamentaliste protestant fou annonce à cors et à cris qu’il va brûler le Coran dans une sorte d’autodafé hypermédiatisé et qui change d’avis après un simple coup de fil d’Obama, lequel apparaît ainsi comme le grand réconciliateur. Vous avez dit manipulation médiatique ? Il s’agit de vivre en harmonie en Europe selon des mœurs européennes, d’empêcher que les dispositions pratiques et communément admises dans nos sociétés, prises par l’effet des acquis sociaux ou par le truchement de législations européennes, ne soient battues en brèche par des fondamentalistes, quels qu’ils soient. Saboter un cours de dessin sous prétexte qu’on ne peut pas représenter des êtres vivants, saboter un cours de musique sous prétexte que Mozart ou Beethoven ont abordé des thèmes profanes, saboter un cours de gymnastique sous prétexte que l’on ne peut zyeuter l’épiderme d’un mollet ou d’une cuisse, saboter un voyage scolaire sous prétexte qu’une gamine ne peut s’éloigner de son domicile de plus de 70 km sans être accompagnée de son paternel, de son frérot ou de son tonton sont des attitudes qui doivent être sévèrement sanctionnées : six mois de trou pour le père, six mois de trou pour la mère, pas d’allocs pendant deux ans, expulsion immédiate des illuminés qui incitent à ce genre de comportement avec confiscation de leurs biens sur le territoire, et un séjour de six mois dans un pensionnat de bonne tenue pour la gamine, histoire de la mettre à l’abri des élucubrations de fous furieux, de parents indignes ou ignorants. Ce n’est pas du racisme ou de la discrimination : c’est une défense du droit à l’expression picturale, c’est une défense de la liberté des corps et du droit à la santé par le sport et l’éducation physique, c’est une défense du droit des filles à avoir une formation scolaire complète et à ne pas subir de discriminations dues à leur sexe. De même, venir renifler l’assiette de son voisin pour voir si les aliments sont licites ou illicites selon des critères qui n’ont jamais été d’application en Europe, refuser la convivialité naturelle des commensaux sous ces mêmes prétextes, sont des attitudes nuisibles au vivre encommun, qui doivent, elles aussi, interpeler le législateur (2). Point à la ligne.

Ceux qui veulent discuter ne trouveront pas en nous des interlocuteurs. On leur indiquera tout simplement la porte de sortie. Et toute récidive dans les dénis d’éducation, que nous venons de mentionner, double les peines. Quant à la petite criminalité, cet ensemble de « faits divers » selon les édiles pourries de la Région bruxelloise, il s’agit de ne pas la tolérer et de s’inspirer du train de lois que rendra possible le prochain référendum suisse, qui se tiendra bientôt :son objectif est d’augmenter les motifs d’expulsion. Tout simplement. La vox populi helvétique donnera son avis, sans le filtre incapacitant des partis et de leurs folies idéologiques. Donc en tout bon et serein esprit démocratique.

– Reste une petite question coquine : que vont faire les lamentables loques politiciennes wallonnes ou flamandes inféodées à un parti allié à la SPD de Sarrazin et de Schmidt ou à la démocratie chrétienne de Merkel ? Se mettre au diapason de leurs grands frères allemands ? Ou continuer sur leur lancée et ajouter moultes perles au florilège déjà débordant de leurs sottises et inconséquences ? Pour les ganaches politiciennes de la partie méridionale du pays, il est heureux que le monde médiatique belge francophone se soit isolé dans une tour d’ivoire dûment hermétisée, ne compte que des encartés ou de médiocres pistonnés dans ses rangs qui ne brillent pas par leur formation intellectuelle ni surtout par leur ouverture aux langues étrangères et au vaste monde en général : ce qui se passe en Allemagne, gigantesque trou noir en lisière des Fagnes pour nos pseudo-élites intellectuelles et médiatiques, n’arrive pas aux oreilles des Wallons et des Bruxellois francophones.

On ne verrapas de sitôt Joëlle Milquet s’aligner sur le discours pourtant fort modéré de Merkel : certes, si d’aventure elle le faisait, elle risquerait de perdre son électorat subsaharien de Bruxelles, au profit de la grande stratégie de séduction de tous les migrants préconisée par le socialiste Philippe Moureaux, mais elle regagnerait des légions d’électeurs dans les bonnes provinces wallonnes du Namurois et du Luxembourg, voire du Brabant, ce qui lui permettrait de tailler de solides croupières aux libéraux et de gouverner avec ses chers socialistes, condamnant ainsi le gros Louis Michel, son gamin et l’imbuvable Reynders à vasouiller longtemps dans une opposition stérile. On ne verra pas davantage se dresser un socialiste intelligent pour envoyer les panades idéologiques insipides des Moureaux, Onkelinckx et autres Di Rupo à la poubelle nauséabonde et putride de l’histoire, comme a osé le faire Sarrazin à Berlin, en stigmatisant les insanités « politiquement correctes » de ses coreligionnaires de la SPD et en flanquant ainsi un formidable coup de pied dans la fourmilière. Tous les citoyens de raison ont acquiescé.

Notes :

(1) Cette attitude a été celle, successive, de Nasser, Sadat et Moubarak en Egypte : les frères musulmans, issus de la mouvance d’Al-Banna, critiquaient la modernisation du pays, faisant ainsi le jeu d’Israël et des Etats-Unis, du moins du temps de Nasser, et constituaient, selon les nationalistes modernistes égyptiens, une « tumeur cancéreuse » pour la nation. Al-Banna et son successeur Al-Qutb évoquaient la notion de « djalliliyah » en désignant Nasser comme un nouveau « Pharaon » donc comme un « déviant » qui renouait avec des principes antérieurs à l’islam.

(2) Ce genre d’attitude ne concerne pas seulement la viande de porc, dont les saucisses Zwan qu’un jour, en la présence d’un vieux copain, un militant socialiste bruxellois offrait à l’assemblée multiethnique convoquée par son parti (Cudell en tête). Elle concerne aussi le beurre que l’on utilise généreusement dans la confection des tartes au sucre de Chaumont-Gistoux. Dans une assemblée encore plus multiculturelle, on a vu intervenir une mégère qui a empêché toutes ses coreligionnaires de croquer à belles dents cette sympathique spécialité du Brabant wallon. Et voilà qu’est décrétée « haram » (et non « halal ») la tarte au sucre de Chaumont-Gistoux ! Le même ostracisme est appliqué au cramique (pain au beurre et aux raisins, pour nos amis hexagonaux) : nos pensionnés qui vivent dans certains quartiers en sont définitivement privés ! Et si un militant wallon refusait de déguster un biscuit marocain, gentiment offert, sous prétexte qu’il n’est pas fait avec du bon beurre, donc fade, insipide et immangeable ? Commettrait-il un acte « raciste », donc délictueux, en refusant la convivialité ambiante ? Les enfants et les jeunes adorent les bonbons :rien de nouveau sous le soleil. La Belgique, nous disaient maints Français qui, enfants, avaient séjourné à Bruxelles dans les années 50 et 60, était le paradis des amateurs de bonbons : petites barres sûres acidulées car toutes trempées d’acide citrique, lards en guimauve, lacets en réglisse, et j’en passe. Tout cela est encore disponible. Et les jeunes issus de l’immigration en raffolent. Or voilà que certains fondamentalistes viennent leur dire que ce n’est pas « halal », que cela contient des résidus de porc, de « halouf ». Finis les bonbons. Et les enfants non musulmans de le répéter pour ne pas partager le paquet de « nounours quipiquent » avec leurs condisciples musulmans. Où va la convivialité souhaitée par tous ? Vous voulez offrir un bonbon à un sympathique petit galopin venu d’Afrique du Nord et vous risquez de vous faire lapider par un illuminé ou de subir les foudres de la justice inspirée par la Loi Moureaux, si vous lui répondez de travers ou si vous lui collez une claque parce qu’il vous a adressé l’une de ses sympathiques injures, devenues courantes à Bruxelles comme « fils de p. » ou « enc.. de ta mère » ; elles remplacent les truculents « smeirlap », « stoemerik », « onnüzeleir », « labbekak » ou « afgelekte ballekeskop » des temps jadis, quand « Virgile » composait un dialogue en « brüsseleir » dans chaque livraison du « Pourquoi pas ? ». J’omets ici à dessein, pour éviter tout quiproquo, le très trivial « afkrapsel van mettekou’s klüüte » (= « raclure de couilles de singe/de cercopithèque »), qui s’adressait prioritairement, au départ, aux enfants dont les pères n’avaient pas bonne réputation, et qui revendiquaient cet héritage par leur méconduite. Qu’on le veuille ou non, elle faisait partie du répertoire des injures bruxelloises, répertoire rabelaisien et baroque que nous devons à une culture vaguement hispanisée au 17ème siècle, où la tendance était au langage cru, contrairement à la France, qui se cherchait, sous Louis XIV, des formes policées, destinées à dompter la noblesse et le peuple, prompts aux frondes ou aux jacqueries. Aucune législation ou directive n’a cependant interdit l’emploi de cette injure haute en couleurs, contrairement aux termes habituels de « macaque » et de « bougnoul » que la police bruxelloise a reçu l’ordre de bannir définitivement de son vocabulaire quand elle s’adresse aux migrants. Le « mettekou » à Bruxelles, ou le « marticot » à Gand, sont ces petits singes à queue longue qui accompagnaient les joueurs d’orgue de Barbarie dans les rues et quémandaient des piécettes aux passants, armés d’une tirelire et affublés d’oripeaux comiques. Dans sa série « Jo, Zette et Jocko », Hergé a croqué une de ces scènes en fourrant le singe Jocko dans un uniforme rouge grotesque, lorsqu’il est recueilli par un joueur d’orgue de Barbarie après avoir perdu ses jeunes maîtres.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

Les législatives belges du 13 juin 2010

 
par le Mouvement Identitaire Démocratique
 
Le lendemain des législatives belges du 13 juin 2010, les manchettes des journaux étrangers, en vente à Bruxelles, comme El Pais (Espagne) et le Corriere della Sera (Italie), annonçaient la victoire de la N.V.A. (Nouvelle Alliance flamande) de Bart de Wever et pronostiquaient la séparation entre Flamands et Wallons et la fin de la Belgique, chanson que l’on entend au moins depuis trois décennies. Et comme d’habitude, pleins feux sur la Flandre et ses velléités autonomistes, confédéralistes ou indépendantistes. Mais pas un mot sur la consolidation du vote socialiste en Wallonie, qui ouvre, dans les circonstances actuelles marquées par une avancée sans précédent du nationalisme flamand, des perspectives de coalition totalement inhabituelles.
Pour expliquer clairement les enjeux de la campagne électorale qui vient de s’achever, il faut revenir aux résultats du scrutin de 2007, où l’on trouvera tous les prémisses de la crise d’aujourd’hui. Il y a trois ans, la victoire avait été emportée haut la main par le cartel formé par les démocrates-chrétiens flamands (C.D. & V.) et les nationalistes modérés de la N.V.A. (que l’on distinguait alors des « maximalistes » du Vlaams Belang). Ce cartel voulait un élargissement du fédéralisme belge, c’est-à-dire des dévolutions supplémentaires, notamment en matières fiscales, avec, pour la Wallonie, un sérieux risque à la clé : celui de réduire la manne des fameux « transferts » de solidarité fédérale, où, la Flandre, devenue plus riche depuis l’effondrement des vieilles structures industrielles de la Wallonie, verse une partie de ses impôts pour soutenir un tissu économique défaillant dans le sud du pays et plus particulièrement dans l’ancien sillon Sambre-et-Meuse, hyperindustrialisé à ses époques de gloire et de prospérité.
 

Contre Leterme : front du refus et lynchage médiatique
 
En 2007, l’établissement francophone avait opposé un non catégorique à cette volonté flamande de dévolution, largement exprimée par les urnes. Le porte-voix de ce refus tranché avait été la présidente des démocrates-chrétiens francophones, Joëlle Milquet, qui a rapidement glané le sobriquet de « Madame Non » dans toute la presse flamande. La victoire du cartel et le non de Milquet avaient provoqué une crise de longue durée dans le royaume, empêchant Yves Leterme, président du C.D. & V., de former un gouvernement. Il avait été obligé de lâcher Bart De Wever et donc de dissoudre ce fameux cartel qui lui avait donné la victoire et lui avait permis de reconquérir les très nombreux sièges perdus par les démocrates-chrétiens depuis la crise de la dioxine en 1999, face aux libéraux de Verhofstadt. Seule l’alliance avec les nationalistes de la N.V.A. avait permis aux démocrates chrétiens de revenir aux affaires. Ensuite, toutes les tentatives de Leterme de trouver un modus vivendi avec l’établissement s’étaient soldées par un échec, tandis que la presse francophone se livrait contre lui à un véritable lynchage médiatique, où sa personne était posée comme l’idiot parfait, le chevrier d’arrière-province (Leterme possède une chèvre comme Mitterrand possédait une ânesse), l’abruti total qui ne connaissait pas l’hymne national belge, l’accro du portable qui pianotait sur son mini-clavier pendant le Te Deum de la fête nationale, etc. Tous les coups avaient été permis et tous les coups avaient été portés. L’établissement francophone et les démocrates-chrétiens de Wallonie et de Bruxelles, habituels interlocuteurs privilégiés de leurs homologues de Flandre, avaient clairement signifié à Leterme qu’ils ne voulaient pas de son « confédéralisme », de son alliance avec la N.V.A. et qu’ils n’étaient pas « demandeurs en matière de réformes institutionnelles » (c’est-à-dire qu’ils ne voulaient aucune démarche en direction d’un confédéralisme ou de dévolutions supplémentaires).

En Flandre, cette manière de procéder, cet acharnement féroce, ont laissé des traces profondes dans les sentiments populaires qui se traduisent avant tout par un ressentiment sourd à l’égard de l’établissement. Celui-ci s’est développé en silence dans les masses, dans les chaumières, sans que cela ne transparaisse dans la presse ou dans les débats publics : le peuple ruminait, ressassait et préparait sa vengeance. Nous avions dit un jour, en commentant cette crise : « Leterme et De Wever seront un jour plébiscités », tant les campagnes de dénigrement et de calomnies à leur encontre étaient perçues dans le bon peuple comme profondément injustes. Ce plébiscite vient d’avoir lieu mais ce n’est pas Leterme qui en a été le bénéficiaire mais son partenaire mineur de 2007, Bart De Wever, chef de file de la N.V.A.

Même si Leterme conserve des scores très honorables dans les bastions ouest-flamands dont il est issu (Ypres, Courtrai). Un journal flamand avait reproduit les paroles d’un badaud auquel Leterme avait serré la pince lors d’une tournée électorale sur un marché dominical en Flandre occidentale : « Gij had nondedju harder op tafel moeten kloppen in Brussel » (« T’aurais dû, non de Dieu, taper plus fort sur la table à Bruxelles »).

Leterme avait été jugé par « la langue du peuple sur la place du marché », comme dit Mikhaïl Bakhtine, l’exégète russe de Rabelais : un brave garçon mais pas assez énergique. De Wever, après une campagne très bien ficelée, a été perçu par l’électorat flamand comme celui qui allait vraiment taper du poing sur les tables à Bruxelles et faire passer les réformes institutionnelles et le confédéralisme auquel il aspirait. Du coup, son parti, aux scores modestes et partenaire mineur du défunt cartel, est devenu, et de loin, le premier parti de Flandre. Judoka professionnel et député d’Ostende, Jean-Marie De Decker, leader de la L.D.D. (Liste De Decker) – un parti populiste sans connotations nationalistes, qui avait, lors des élections précédentes, coulé tous les propos de café de commerce en un programme politicien (à défaut d’être politique) – a remarqué avec pertinence qu’un tel glissement de terrain n’avait jamais été vu en Belgique depuis 1830, année de la naissance du royaume. Les trois partis traditionnels (démocrates-chrétiens, libéraux et socialistes) ont tous perdu des plumes devant un challenger nationaliste flamand.

L’imbroglio de B.H.V.
 
La chute du gouvernement Leterme est due à la question dite de « B.H.V. », incompréhensible pour les observateurs internationaux, qui évitent de l’évoquer de peur de s’emmêler les pinceaux mais au risque de ne pas faire comprendre le problème à leurs lecteurs ou auditeurs. Les lettres B, H et V, désignent les noms de trois communes ou villes voisines dans l’ancienne province du Brabant, Bruxelles, Hal(le) et Vilvo(o)rde, constituant un seul arrondissement judiciaire dans le royaume et une unique circonscription électorale. L’objectif des partis flamands avait été de scinder cet arrondissement en séparant les dix-neuf communes qui forment la Région bruxelloise, des cantons de Hal(le) et Vilvo(o)rde, inclus dans la province du Brabant flamand, donc dans la Région flamande. La Région bruxelloise aurait formé un arrondissement judiciaire limité aux dix-neuf communes qui la constituent, de même qu’une circonscription électorale détachée de Hal(le) et Vilvo(o)rde, sans qu’il n’y ait plus chevauchement d’une circonscription et d’un arrondissement judiciaire sur deux régions différentes.

Pour comprendre cet imbroglio, une brève leçon d’histoire s’impose : en 1963, les représentants des deux communautés linguistiques majeures composant le royaume de Belgique décident de tracer une frontière linguistique entre les régions néerlandophone et francophone (et aussi entre les cantons germanophones et la Wallonie francophone), impliquant l’unilinguisme administratif dans chacune des régions, comme l’a toujours demandé le mouvement wallon dans ses revendications (la Flandre était moins demanderesse, à l’époque, que la Wallonie, qui venait d’être secouée en décembre 1960 et janvier 1961 par une vague d’émeutes sociales, menées par l’aile ultra et régionaliste du syndicalisme socialiste, dont le chef de file avait été André Renard; celui-ci prétendait que la Wallonie devait bénéficier d’une autonomie par rapport à la Flandre, afin de pouvoir parfaire son socialisme particulier sans devoir demander des comptes à une majorité parlementaire flamande aux Chambres siégeant à Bruxelles). Le long de cette frontière, voulue tout à la fois par les nationalistes flamands et par les renardistes wallons, et autour des 19 communes de l’agglomération bruxelloise, les minorités (flamandes ici, francophones là, germanophones ailleurs) reçoivent des « facilités administratives », consistant, pour l’essentiel, à obtenir de l’administration tous documents dans leur langue maternelle. Les « facilités » constituent donc un expédiant pragmatique. Six communes autour de l’agglomération bruxelloise bénéficient de ces « facilités » (Wemmel, Wezembeek-Oppem, Kraainem, Rhode-Saint-Genèse/Sint-Genesius-Rode, Drogenbos et Linkebeek), tout en faisant partie de l’entité de Halle-Vilvoorde, incluse plus tard dans la province du Brabant flamand.

La Périphérie bruxelloise : une situation née de l’exode urbain
 
À la suite de l’institutionalisation de cette frontière linguistique en 1963, la Belgique entame un long processus de fédéralisation qui durera près de trente ans, impliquant notamment la séparation de la province de Brabant, auparavant bilingue et incluant l’agglomération bruxelloise, en deux nouvelles entités provinciales : le Brabant wallon et le Brabant flamand. Le Brabant wallon fait partie de la Région wallonne. La Brabant flamand de la région flamande. Les cantons de Halle et de Vilvoorde appartiennent au Brabant flamand, tout en étant rattachés à l’arrondissement judiciaire de Bruxelles, devenue région à part entière. Ce rattachement constitue bien entendu une anomalie dans la logique communautaire du fédéralisme belge. Bon nombre de natifs des dix-neuf communes bruxelloises ont aimé, au cours de l’exode urbain vers les zones semi-rurales de la « périphérie », se fixer dans ces cantons limitrophes de l’agglomération bruxelloise. On travaillait en ville et on épargnait pour se construire une maison dans la « ceinture verte » et flamande autour de la grande ville encombrée. L’idéal du Belge moyen est celui de Ruskin, le concepteur anglais des cités-jardins. C’est dans un tel cadre qu’il veut vivre avec sa famille et couler des jours heureux. Vivre dans un appartement sans jardin où dans un clapier typique des années 60 est jugé dégradant, ne symbolise aucunement le bonheur et l’art de vivre. Au cours de son histoire, Bruxelles a imposé le français à tous les ressortissants des provinces belges venus s’installer dans la capitale, les flamandes comme les wallonnes, si bien que ce sont de nouveaux habitants francophones ou francophonisés qui arrivent par vagues successives dans la « ceinture verte ». Les habitants autochtones et néerlandophones de ces communes du Brabant flamand parlent d’« olievlek », de « tache d’huile » qui se répand au départ de Bruxelles, urbanise d’anciens villages ruraux pittoresques. Depuis une dizaine d’années, ils sont, de surcroît, animés par la crainte panique de voir arriver des ressortissants issus des diverses vagues migratoires non européennes, installées dans les anciens quartiers populaires de la capitale belge, quartiers qui deviennent, pour eux aussi, exigus.

Néerlandophones et Francophones vont donc se heurter de front dans les six communes dites « à facilités » et partout dans les cantons de Halle et de Vilvoorde, où l’exode urbain tente de créer des niches ou des cités dortoirs, sans prise réelle sur la vie quotidienne des habitants autochtones des communes périphériques et surtout sans intérêt pour elle; absence d’intérêt prise pour de l’arrogance et de la grossièreté par les Flamands de cette « ceinture verte », vexés d’être considérés comme de « natives » résiduaires, des aborigènes en voie de disparition, auxquels on n’adresse pas la parole. L’objectivité nous oblige tout de même à signaler que des ressentiments similaires ont animé ou animent encore les autochtones du Brabant wallon, subissant aussi les effets de la « tache d’huile » : seulement leurs sentiments ne sont pas instrumentalisables politiquement comme le sont tous les clivages d’ordre linguistique en Belgique. « B.H.V. » devient ainsi un enjeu politique majeur. Et le cheval de bataille des militants de la francophonie, dont l’inénarrable Olivier Maingain, animé par une francolâtrie pathologique qui va jusqu’à étonner les citoyens français eux-mêmes qui restent pantois devant sa virulence et se montrent généralement plus prompts à reconnaître les ressorts de l’identité flamande. Maingain et ses compagnons de combat vont agiter le spectre de la « minorisation des francophones » dans les six communes et dans tout le reste de la « périphérie » et accuser le monde politique flamand d’empêcher la fusion de ces six communes et d’autres zones des cantons de Halle et de Vilvoorde au sein de la Région de Bruxelles-Capitale.

Scinder B.H.V. pour désengorger les tribunaux de Bruxelles
 
Le ton va monter, s’envenimer, tant et si bien que le sycophante Maingain n’hésitera pas à se poser, selon les clichés habituels et éculés, comme un résistant face au « nazisme » intrinsèque d’une méchante Flandre posée comme le fer de lance d’un nouveau pangermanisme (mais sans avoir derrière elle ni un Bismarck ni les Uhlans de Guillaume II ni les Panzerdivisionen de Guderian). Angela Merkel est pacifique et timorée : elle ignore tout des arcanes de la politique belge ou des ressorts du pangermanisme, dont tous les adeptes sont morts et enterrés depuis longtemps sauf dans les délires de Papy Maingaingain (qui fait de la résistance). Le maximaliste Bart Laeremans, juriste et député du Vlaams Belang, dans une lettre ouverte aux Francophones de Bruxelles et de sa périphérie, a rappelé fort opportunément que le problème de B.H.V. n’en était pas un, sauf pour le F.D.F. de Maingaingain : les partis flamands veulent tout simplement scinder l’arrondissement judiciaire de B.H.V. parce que les tribunaux bruxellois sont engorgés et ne peuvent plus maîtriser l’arriéré judiciaire. Cette scission, d’ordre purement pragmatique, va donc dans l’intérêt des Bruxellois et des habitants de la périphérie (H & V). Il ne s’agit nullement, précise le maximaliste flamingant Laeremans, de supprimer les « facilités » ni d’empêcher les Francophones de constituer des listes électorales particulières et de se faire élire au Parlement flamand ou dans toute autre instance représentative. Les craintes de Maingain et de ses acolytes ne portent pas en réalité sur les dangers qui guetteraient la démocratie dans les communes de l’entité B.H.V. Si l’arrondissement de B.H.V. est scindé, Maingain et ses amis ne pourraient plus récolter de voix dans les communes de la périphérie bruxelloise; celles-ci iraient à d’autres francophones, sur des listes parallèles se présentant en Région flamande et, du coup, le poids politique de « Papy Maingaingain » en Région bruxelloise se réduirait comme une peau de chagrin. C’est donc pour des raisons personnelles et purement électoralistes, pour une cuisine politicienne produisant un très mauvais graillon, que lutte Maingain et non pas pour défendre la démocratie ou la francophonie. Les édiles bruxelloises, se targuant de francophonisme, veulent aussi faire main basse sur les recettes fiscales des communes mieux nanties de la périphérie pour les précipiter dans le tonneau des Danaïdes qu’est le budget de la Région de Bruxelles-Capitale.
Le problème réel, à nos yeux, n’est donc pas linguistique mais fiscal. Et on s’étonne que ni la N.V.A. ni le Vlaams Belang ni les autres partis flamands ne l’ont évoqué dans les polémiques et débats politiques. Les taxes sont plus lourdes en Régions bruxelloise et wallonne qu’en Région flamande, notamment l’impôt sur les successions. Dans la périphérie et dans l’arrondissement de Halle-Vilvoorde tout entier, les générations précédentes, autochtones ou émanations de la « tache d’huile », ont fait bâtir une quantité impressionnante d’immeubles, constituant leur patrimoine familial, fruit de leurs économies et surtout de leur labeur. Ces francophones, venus dans la périphérie suite au phénomène sociologique de l’exode urbain, courent un risque énorme, si leurs communes sont rattachées à la Région bruxelloise, comme le veulent Maingain et ses séides : celui de voir s’éroder considérablement la valeur de leur patrimoine immobilier, qui, en cas de « bruxellisation », serait ponctionnée par une « rage taxatoire » destinée à renflouer une Région artificielle, sans poumon extérieur et largement déficitaire, vu le chômage de masse qui y sévit, frappant en premier lieu une jeunesse issue des deuxième, troisième voire quatrième générations d’immigrés non européens, majoritairement musulmans, pour laquelle on avait prévu de généreuses mesures d’intégration qui ont, hélas, toutes fait faillite.

Le mal de vivre, la drogue, l’oisivité, l’intégrisme islamiste, le refus de s’adapter aux mœurs d’une civilisation industrielle, le débranchage social par la cyberdépendance, le désorientement, le tiraillement de ces adolescents et adolescentes entre les « paradis artificiels » de la société de consommation et les injonctions sévères de la famille maghrébine ou turque traditionnelle, etc., rendent une jeunesse majoritairement issue de l’immigration (mais pas uniquement) totalement inadaptée au marché du travail à Bruxelles. Les ponctions fiscales sur le patrimoine meuble et immeuble des ex-Bruxellois partis vers la périphérie serviraient à financer les mesures sociales palliatives, destinées à maintenir ces masses juvéniles en un état d’assistanat permanent : on sait qu’il faut construire des logements sociaux, des prisons (eh, oui), l’engagement de policiers supplémentaires, de matériels pour l’appareil répressif, etc., toutes dépenses non prévues et non destinées aux zones périphériques, toutes dépenses qui seront engagées au détriment de projets plus séduisants, plus humanitaires, dans les secteurs de la culture, de l’éducation ou de la médecine. Les discours sur la francophonie masquent un projet de racket inouï et inédit : on oublie de le dire, y compris et surtout dans les cénacles nationalistes flamands, où sévit aussi l’irréalisme politicien. D’où l’absence de toute séduction à l’endroit des Francophones de la périphérie dont la plupart n’ont rien à faire du francophonisme politicien.

Le sort de Neder-Over-Heembeek
 
L’exemple le plus patent de ce qui attend la périphérie, en cas d’annexion à la Capitale sous la houlette de Maingain, a été observé dans une zone moins dense de la Commune de Bruxelles-Ville, dans le quartier, encore fort vert, de Neder-Over-Heembeek, ancienne commune rurale et excentrée, annexée au cœur historique de Bruxelles, il y a plusieurs décennies. Sur le territoire de Neder-Over-Heembeek, le pouvoir socialiste de Bruxelles-Ville a fait édifier d’affreux H.L.M. en bordure des maisonnettes coquettes de « souchiens » débonnaires, heureux de vivre de manière idyllique dans ce quartier aux aspects encore semi-ruraux. Ces H.L.M. étaient destinés à désengorger les vieux quartiers du centre historique de Bruxelles, qui, lui, est en voie de « gentrification », où fonctionnaires européens, eurocrates, lobbyistes, branchés, faux ou vrais artistes ou pontes du secteur tertiaire se paient de vieux appartements luxueux et cherchent à houspiller les familles allochtones, peu séduites par le spectacle, finalement assez décadent, de cette nouvelle faune de modernistes, de célibataires et de festivistes, qui a les faveurs de la presse, au contraire des familles normales, des centaines de milliers de gens qui ont un boulot utile. Inutile de préciser que ce désengorgement du centre de la Ville concerne des populations non « souchiennes ».
Si demain les six « communes à facilités » sont annexées à la Région bruxelloise, elles subiront immanquablement le sort de Neder-Over-Heembeek, qui avait suscité un tollé chez les autochtones locaux, un tollé que la presse aux ordres s’était bien abstenue de répercuter… Ces braves autochtones n’ont plus qu’à vendre au rabais leurs maisonnettes et à se replier dans des appartements plus exigus ou à émigrer vers des communes plus lointaines du Brabant wallon, sans liaisons faciles avec la capitale. Voilà à quoi mènerait la politique du sycophante Maingain…

Une bonne partie des citoyens des six communes à facilité, aveuglée par les discours tonitruants sur la défense de la « démocratie » (celle des prébendes et des entourloupettes politiciennes) et de la « francophonie », a encore voté pour le M.R. libéral (Mouvement Réformateur), qui constitue un cartel avec le F.D.F. (Front des Francophones), le parti de Maingain. La majeure partie des habitants de Halle et de Vilvoorde a toutefois voté pour la N.V.A. de Bart De Wever, la peur aux tripes de voir arriver une nouvelle « tache d’huile », une nouvelle vague de Bruxellois, allochtones cette fois, ou de devoir payer des taxes faramineuses pour financer leur insertion ou leur non insertion. L’affaire de B.H.V. n’est pas une affaire de constructivisme institutionnel, de bricolage juridique, de complots pangermanistes ou de cogitations politiciennes oiseuses mais touche directement le citoyen dans les problèmes de sa vie quotidienne, dans les problèmes de la gestion de son patrimoine. Problèmes que les discours politiciens n’ont pas pris en compte ou ont escamotés…

Ouvrir un chantier pour un socialisme nouveau en Wallonie ?
La Flandre, c’est désormais évident, souhaite mettre un terme aux transferts vers la Wallonie, ou les réduire au minimum requis par la solidarité fédérale ou contraindre les décideurs wallons à des investissements productifs pour une Wallonie qui n’est quand même pas sans atouts, malgré son plus grand éloignement de la mer et des ports. La Wallonie est proche de la Rhénanie et de l’espace mosellan, que ce soit celui du Palatinat allemand ou du duché de Lorraine, annexé à la France et laissé pour compte par l’Hexagone. La Flandre de Bart de Wever met peut-être la Wallonie au pied du mur : ou elle se maintient vaille que vaille dans son socialisme d’assistanat, en quémandant l’argent des transferts ou des subsides européens, ou elle annonce qu’elle va créer un socialisme réellement travailliste, solidaire et local, correspondant à l’idéal humain que représente l’œuvre sculpturale de Constantin Meunier ou qu’envisageait peut-être André Renard, figure emblématique de la Wallonie du début des années 60. Un tel chantier, fort intéressant, pourrait s’ouvrir. La Flandre est animée par un souci pragmatique et non par un nationalisme caricatural comme l’établissement essaie de le faire croire à la presse étrangère.
Quid de l’avenir de la Belgique après le raz-de-marée de la N.V.A., dimanche 13 juin 2010 ? Il y a deux risques : 1) la récupération de Bart De Wever qui, de croquemitaine de l’établissement, deviendrait en un tournemain, par un formidable et incroyable tour de passe-passe politicien, son faire-valoir en Flandre; 2) le blocage et une crise plus longue encore que celle de 2007 – 2008.

Dans le premier cas, l’établissement « chevaucherait le Tigre » du nationalisme flamand et parierait pour le tandem De Wever/Di Rupo (le chef de file des socialistes wallons), autant dire alors qu’il parierait pour le mariage de l’eau et du feu. Mais les avances faites par Caroline Gennez (présidente des socialistes flamands) et par Di Rupo himself à De Wever ont été entendus, et bien entendus urbi et orbi, pour que l’on puisse confirmer cette hypothèse, impensable même quelques jours avant le scrutin. De Wever représente le refus populaire flamand des transferts vers la Wallonie. Di Rupo représente l’établissement dans sa faction socialiste, pilier du monarchisme belge en dépit des anciennes velléités républicaines des gauches, qui est contraint d’accepter les transferts pour que survive le pouvoir socialiste en Wallonie, ainsi que l’assistanat qu’il implique dans certaines sous-régions. Pour parfaire cette alliance de l’eau et du feu, on formerait un bloc comprenant la N.V.A., le P.S. wallon, le S.P.a. (socialistes flamands), le C.D.H. (démocrates-chrétiens francophones de Joëlle Milquet) et peut-être les partis écologistes des deux communautés linguistiques, vu qu’ils n’ont pas perdu de plumes lors du scrutin de dimanche dernier. La présence du C. d. & V. n’est pas nécessaire dans ce bloc, sauf peut-être sa composante syndicaliste démocrate-chrétienne (l’A.C.V.), mécontente toutefois de voir la N.V.A. emporter le morceau. D’un côté, nous aurions un « pôle wallon de l’Olivier » (comme en Italie), avec les gauches (C. D. H., P.S. et Écolos) dans toutes leurs variantes, et de l’autre, un bloc flamand plus composite comprenant les mêmes ingrédients idéologico-politiques que l’Olivier wallon, plus la N.V.A., désormais incontournable mais au risque de devenir pure décoration au sein même du système belge que rejette la plupart de ses militants.

Dans le second cas, celui d’un blocage définitif, De Wever percevrait, avant de forger une alliance avec les socialistes de Flandre et de Wallonie, le risque de voir partir sa base nationaliste. Celle-là même qui vient d’abandonner Leterme et les maximalistes du Vlaams Belang, dégoûté qu’elle était du « cordon sanitaire » imposé à ce parti et ne permettant pas à ses élus de participer à des majorités, à quelque échelon que ce soit du pouvoir politique. En cas de réticence de De Wever, annonce le journal satirique bruxellois, Père Ubu / Pan, « la lune de miel se muera bien vite en lune de fiel ». Pour éviter de voir son électorat déserter la N.V.A., comme il a déserté Leterme ou le Vlaams Belang, De Wever pourra tenter de mettre la barre très haut, provoquant à nouveau le refus des autres : les Wallons et les Bruxellois pourront toujours se replier sur l’Olivier à leurs niveaux régionaux respectifs, tandis qu’en Flandre ni la N.V.A. seule, ni l’Olivier ne peuvent gouverner sans l’apport de partenaires au sein d’une coalition : aucun panachage politique n’atteint les 50 %. De Wever risque alors de subir un « cordon sanitaire » comme ses adversaires du Vlaams Belang dans le camp nationaliste flamand.

Vers une déception de l’électorat ?
 
Si un tel « cordon sanitaire » s’installe autour de la N.V.A., la déception de l’électorat composite de ce parti nationaliste modéré sera immense et on risque alors de voir, lors du prochain scrutin, ces masses de voix revenir au Vlaams Belang, qui prétendra incarner une radicalité nationaliste pure, vierge de toute compromission avec l’établissement. Or ce sont en fait les compromis à la belge, où personne ne trouve jamais pleine satisfaction, que l’électeur flamand a rejeté pour plus de 40 % (voix de la N.V.A. et du Vlaams Belang confondues). Dans les compromis et les bricolages politiciens, aucun électorat, de quelque parti que ce soit, ne trouve satisfaction : en Wallonie, on a dit hier, et on dira demain, que la Flandre, avec son vote nationaliste, conservateur, clérical ou confédéraliste, empêche l’éclosion d’un « projet socialiste original » dans le sud francophone du pays. En Flandre, on rétorquera que les problèmes structurels du pays flamand, dont le chômage en forte croissance depuis la crise, ne pourront jamais être résolus par l’apport fiscal flamand si les transferts se perpétuent. Les transferts empêchent de fait de récolter les fonds nécessaires à créer de nouveaux emplois en Flandre, suite aux vagues de licenciements qui ont accompagné la crise depuis qu’elle a éclaté à l’automne 2008.
 
L’absence de gouvernement n’est pas un problème pour tout le monde…
 
Le royaume d’Albert II risque donc de se retrouver sans gouvernement pendant longtemps. « Le Belge, écrivait avant-guerre l’essayiste et journaliste nationaliste et monarchiste Fernand Neuray, est un anarchiste né qui ne hisse jamais l’intérêt général au-dessus de ses intérêts sectoriels. » Et de fait, l’absence d’un gouvernement, destiné à assurer l’intérêt général, du moins en théorie, obligera les uns et les autres à gouverner le pays par l’expédiant des « affaires courantes », ce qui aura pour effet de mettre au frigo d’importantes questions politiques, institutionnelles, sociales, judiciaires et internationales. Les véritables maîtres du pays s’en frotteront les mains : les secteurs bancaires et énergétiques, inféodés à la France, auront les coudées franches pour commettre tous les abus imaginables car le politique sera mis hors jeu et ne pourra imposer ni limites ni balises. D’où aucune régulation dans le sens d’une justice sociale et d’une adaptation des tarifs d’assurance, des frais bancaires et des factures énergétiques aux salaires réels des citoyens ne sera possible, a fortiori si ces salaires devront être réajustés, crise grecque oblige.
L’avenir n’est donc pas rose parce que la crise européenne et la crise subséquente de l’euro, fragilisé par les événements de Grèce et par les risques similaires que courent le Portugal, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande et la Belgique, nous rappellent que tous devraient tourner leurs regards vers leur environnement européen, afin de créer des ponts transrégionaux, de dépasser les nationalismes conflictuels et de faire face aux manœuvres des ennemis de l’Europe, prêts à profiter de toutes ses faiblesses.

 

Geert Wilders – Discours

 
 
Proposé par Michel WALTER

Pour information, sans prendre position, je vous transmets le discours que Geert Wilders, président du Parti pour la liberté aux Pays-Bas, a prononcé au Four Seasons de New York en 2010. Ce discours démontre clairement NOTRE SITUATION DANS LE MONDE. Geert Wilders est actuellement jugé dans son pays, les Pays-Bas, malgré son statut d’élu du peuple, les derniers sondages lui prédisent une victoire électorale écrasante aux prochaines élections et le poste de premier ministre. Il est accusé d’insultes envers les musulmans pour avoir comparé leur religion au fascisme dans son court-métrage « Fitna », mis en ligne en mars 2008, et demandé l’interdiction du Coran, qu’il compare au « Mein Kampf » d’Adolf Hitler.

Prenez le temps de lire et de comprendre ce message, envoyez-le à chaque personne libre que vous connaissez, publiez-le chacun sur votre profil Facebook, diffusez ce message avant que les lumières ne s’éteignent en Europe, c’est tellement important.

Je viens en Amérique avec une mission. Tout ne va pour le mieux dans le vieux monde. Un énorme danger nous menace, et il est aujourd’hui difficile d’être optimiste. Nous pourrions nous trouver dans la phase finale de l’islamisation de l’Europe. Ceci constitue non seulement un danger flagrant et immédiat pour l’avenir de l’Europe elle-même, c’est également une menace pour l’Amérique et la survie même de l’Occident.

Considérez les États-Unis comme le dernier bastion de la civilisation occidentale, face à une Europe islamique.

Je vais d’abord décrire la situation sur le terrain en Europe. Ensuite, je vous parlerai de l’Islam.

L’Europe que vous connaissez est en mutation. Vous avez probablement vu les monuments et points de repère de nos pays. Mais dans toutes nos villes, parfois à quelques pâtés de maison de votre destination touristique, il y a un autre monde. C’est le monde de la société parallèle créée par la migration massive des musulmans.

À travers toute l’Europe, une nouvelle réalité s’impose: des quartiers entiers musulmans où très peu de citoyens de souche résident, ou sont même présents. Et s’ils le sont, ils pourraient le regretter. Cela vaut également pour la police. C’est le monde des foulards islamiques, où les femmes se promener sous des tentes informes, avec des poussettes et une ribambelle d’enfants. Leurs maris, ou les propriétaires d’esclaves si vous préférez, marchent trois pas devant. Avec des mosquées à de nombreux coins de rue. Les magasins ont des enseignes que vous et moi ne pouvons pas lire. Il vous sera difficile de trouver une quelconque activité économique. Ces ghettos musulmans sont contrôlés par des fanatiques religieux. Ces quartiers sont musulmans, et ils poussent comme des champignons dans toutes les villes à travers l’Europe. Ce sont les fondations d’un contrôle territorial d’une part croissante de l’Europe, rue par rue, quartier par quartier, ville par ville.

Il y a maintenant des milliers de mosquées dans toute l’Europe. Avec des congrégations plus nombreuses que dans les églises. Et dans chaque ville européenne, il est prévu de construire des méga mosquées qui surplomberont n’importe quelle église dans la région. De toute évidence, le signal est: nous dominons.

De nombreuses villes européennes sont déjà à moitié musulmanes: par exemple, Amsterdam, Marseille, Bruxelles et Malmö en Suède. Dans de nombreuses villes, la majorité des moins de 18 ans sont musulmans. Paris est maintenant entouré d’une ceinture de quartiers musulmans. Mohammed est le prénom le plus populaire chez les garçons dans de nombreuses villes.

Dans certaines écoles primaires d’Amsterdam, les fermes ne peuvent plus être mentionnées parce que cela évoquerait les porcs, et ce serait une insulte pour les musulmans.

De nombreuses écoles et prisons en Belgique et au Danemark ne servent plus que de la nourriture halal à tout le monde. Dans la ville autrefois tolérante d’Amsterdam, les gays sont agressés presque exclusivement par des musulmans. Les femmes non musulmanes sont régulièrement traitées de putes. Les antennes paraboliques ne pointent pas vers des stations de télévision locales mais vers des stations dans les pays d’origine.

En France, les enseignants sont invités à éviter les auteurs considérés comme offensants pour les musulmans, y compris Voltaire et Diderot. Pareil pour Darwin. L’histoire de l’Holocauste ne peut plus être enseignée en raison des sensibilités musulmanes.

En Angleterre, des tribunaux de la charia font maintenant officiellement partie du système juridique britannique. De nombreux quartiers en France sont des zones interdites aux femmes non voilées. La semaine dernière, un homme a été roué de coups par des musulmans à Bruxelles parce qu’il buvait pendant le ramadan.

Les Juifs fuient la France en un nombre record, fuyant la pire vague d’antisémitisme depuis la Seconde Guerre mondiale. Le français est maintenant couramment parlé dans les rues de Tel-Aviv et de Netanya. Je pourrais vous citer de telles histoires sur l’islamisation pendant des heures.

Un total de cinquante-quatre millions de musulmans vit aujourd’hui en Europe. L’université de San Diego a récemment calculé que pas moins de 25 pour cent de la population européenne sera musulmane dans à peine 12 ans. Bernard Lewis a prédit une majorité musulmane avant la fin de ce siècle.

Bien sûr, ce ne sont que des chiffres. Et les chiffres ne seraient pas une menace si les immigrants musulmans avaient le désir de s’intégrer. Mais il y a peu de signes de cela. Le Pew Research Center a signalé que la moitié des Français musulmans considèrent leur loyauté à l’islam comme plus importante que leur loyauté à la France. Un tiers des Français musulmans ne s’opposent pas à des attentats suicide. Le Centre britannique pour la cohésion sociale a constaté qu’un tiers des étudiants musulmans britanniques sont en faveur d’un califat mondial. Les musulmans exigent ce qu’ils appellent le «respect». Et c’est ainsi que nous les respectons. Les jours fériés officiels de l’État incluent désormais les jours de fête musulmans.

Notre procureur général chrétien-démocrate est prêt à accepter la charia aux Pays-Bas dès qu’il y aura une majorité musulmane. Nous avons des membres du cabinet avec des passeports du Maroc et de la Turquie.

Les exigences des musulmans sont appuyées par des comportements illégaux, allant de la petite délinquance et de la violence aléatoire, par exemple contre les ambulanciers et les chauffeurs de bus, aux émeutes locales. Paris a connu des soulèvements dans les banlieues à faible revenu. J’appelle les auteurs des «colons». Parce que c’est ce qu’ils sont. Ils ne viennent pas pour s’intégrer dans nos sociétés, ils viennent pour intégrer notre société dans leur Dar-al-Islam. Par conséquent, ce sont des colons.

Une grande partie de la violence de rue dont j’ai parlé est dirigée exclusivement contre les non musulmans, forçant un grand nombre de personnes ‘indigènes’ à quitter leurs quartiers, leurs villes, leurs pays. En outre, les musulmans constituent désormais une masse de votes à ne pas ignorer. (que nos politiques et leurs partis obnubilés par les résultats du scrutin ne voient que leur ascension sociale personnelle aux dépens des intérêts des citoyens du pays qu’ils dirigent et qu’ils sont sensés représenter et défendre).

La deuxième chose que vous devez savoir est l’importance de Mahomet le prophète. Son comportement est un exemple pour tous les musulmans et ne peut pas être critiqué. Or, si Mahomet avait été un homme de paix, disons un mélange de Gandhi et de Mère Teresa, il n’y aurait pas de problème. Mais Mahomet était un chef de guerre, un tueur en série, un pédophile, et avait plusieurs mariages – en même temps. La tradition islamique nous raconte comment il a combattu, comment il a tué ses ennemis et même exécuté des prisonniers de guerre. Mahomet lui-même a exterminé la tribu juive de Banu Qurayza. Si c’est bon pour l’islam, c’est bon. Si c’est mauvais pour l’islam, c’est mauvais.

Ne laissez personne vous tromper en vous disant que l’islam est une religion. Bien sûr, il y a un dieu, et un au-delà, et 72 vierges. Mais essentiellement, l’islam est une idéologie politique. C’est un système qui impose des règles précises à la société et à la vie quotidienne de chaque personne. L’islam veut dominer tous les aspects de la vie. Islam signifie ‘soumission’. L’islam n’est pas compatible avec la liberté et la démocratie, car son objectif est la charia. Si vous voulez comparer l’islam à quelque chose, comparez-le au communisme ou au national-socialisme, ce sont toutes des idéologies totalitaires.

Maintenant vous comprendrez pourquoi Winston Churchill a appelé l’islam «la force la plus rétrograde dans le monde» et pourquoi il a comparé Mein Kampf au Coran. …

Des soi-disant journalistes étiquettent volontairement quiconque critique l’islamisation d’«extrémiste de droite» ou de «raciste». Dans mon pays, les Pays-Bas, 60% de la population voit l’immigration de masse des musulmans comme l’erreur politique numéro un depuis la Seconde Guerre mondiale. Et un autre 60% voit l’islam comme la principale menace. Pourtant, le danger ne se limite pas aux attaques terroristes: il y a également le scénario de l’Amérique comme dernier bastion de notre civilisation. Les lumières pourraient s’éteindre en Europe plus vite que vous pouvez l’imaginer. Une Europe islamique, c’est une Europe sans liberté ni démocratie, une économie en déroute, un cauchemar intellectuel, et une perte de puissance militaire pour l’Amérique – lorsque ses alliés se transformeront en ennemis, des ennemis avec des bombes atomiques. …

Chers amis, la liberté est le plus précieux des cadeaux. Ma génération n’a jamais eu à se battre pour cette liberté, car elle nous a été offerte sur un plateau d’argent par des gens qui ont combattu pour elle. À travers toute l’Europe, des cimetières américains nous rappellent les jeunes garçons qui ne sont jamais plus rentrés chez eux et dont nous chérissons la mémoire. Ma génération ne possède pas cette liberté, nous sommes seulement les bénéficiaires. Nous pouvons léguer cette liberté durement gagnée aux enfants de l’Europe dans le même état dans lequel il nous a été remis. Nous ne pouvons pas conclure une entente avec les mollahs et les imams. Les générations futures ne nous pardonneraient jamais. Nous ne pouvons dilapider nos libertés. Nous n’avons tout simplement pas le droit de le faire.

Nous devons prendre les mesures nécessaires pour arrêter cette stupidité islamique de détruire le monde libre que nous connaissons.

Note : Réflexion – A-t-il tort ou raison ?

Extraits du film « Fitna » de Geert Wilders sur le site : 

http://www.truthtube.tv/play.php?vid=503

Commentaires de Daniel COLOGNE :

Le texte de Geert Wilders comporte de nombreux points susceptibles de faire débat.

Une islamophobie virulente, voire outrageuse, y côtoie une référence à la philosophie des  »lumières » auto-procalmées et au soi-disant  »monde libre ».

Il n’y a pas un péril d’islamisation de l’Europe. Il y a un défi musulman auquel les Européens doivent répondre par une réflexion sur leur identité. Celle-ci n’est pas coextensive à l’illumination du XVIIIème siècle.

Ne pas confondre le progrés et sa propagande : tel est le piège dans lequel Paul Viriléo nous invite à ne pas tomber. Point n’est besoin de mobiliser les  »valeurs » libérales pour voir que traiter gratuitement une femme de  »pute » constitue une incivilité majeure ou pour discerner la barbarie qui consiste à mettre quelqu’un à mrt pour sa différence ethnique, religieuse ou sexuelle.

Une fois admis ces postulats civilationnels – qui ne sont pas de  »l’humanisme » ou de la  »laïcité », mais qui relèvent du simple bon sens -, on peut entamer la discussion et, confronter pacifiquement les diverses visions du monde, et admettre qu’il n’y a pas une seule façon d’nevisager la vie et la mort, de considérer rapports homme-femme, de lire Voltaire et Diderot, de tenir le darwinisme pour une hypothèse (authentique  »pensée libre ») au lieu de revêtir Darwin d’une sorte d’infailliilité pontificale (mensongère  »libre-pensée »).

Synthèse sur les événements du Caucase

  
 Ci-dessous l’excellente analyse des événements du Caucase parue en août 2008 sur le site http://www.europemaxima.com
 
par Georges Feltin-Tracol 
 
 Sommes-nous à la veille d’une nouvelle « guerre froide » entre la Russie et l’Occident à la suite des événements récents survenus en Géorgie ? La très grave crise commencée le 8 août 2008 braque l’attention du monde sur cette région instable qu’est le Caucase. Or, fidèles à leurs mauvaises habitudes de paresse intellectuelle, de priorité « olymfric » (les ratées d’une nageuse française ou le déchaînement chauviniste cocardier convulsif autour de médailles d’or obtenues par l’équipe de France reléguant au second plan toute véritable compréhension de la querelle entre Moscou et Tbilissi) et de parti pris russophobe (une variante du racisme anti-blanc qui se décline au gré de l’actualité contre les Corses, les Serbes ou, maintenant, les Russes), radios et télévisions françaises versent dans l’information approximative ou dans la désinformation (1).

 Région montagneuse servant de limite imprécise entre l’Europe et l’Asie, le Caucase est une mosaïque de peuples à l’intersection des aires d’influence des mondes turcophone, chrétien (russe, géorgien, arménien) et persan. Voisin de l’Asie centrale, à proximité des Proche- et Moyen-Orients et situé entre les mers Noire et Caspienne, le territoire caucasien dispose d’atouts stratégiques majeurs dans le « Grand Jeu » qui opposent les États-Unis, la Russie, l’Iran et la Turquie. Lieu de passage pour les oléoducs (le B.-T.-C. : Bakou – Tbilissi – Ceyhan) et les gazoducs (projet Nabucco) qui partent des rives de la Caspienne pour arriver dans les ports méditerranéens ou de la mer Noire, c’est, avec les Balkans, un autre point névralgique de l’Europe.

 Espace longtemps disputé entre les empires ottoman, perse et russe, le Caucase devient russe au XIXe siècle sans toutefois que cette domination impériale soit complète, sûre et définitive. Des peuples caucasiens ne cessent de contester l’autorité de Saint-Pétersbourg. Les révolutions de 1917, l’effondrement de l’autocratie et le décret de Lénine sur les nationalités facilitent les indépendantismes locaux (2). Toutefois, au cours de la guerre civile (1917 – 1921), les bolcheviks en héritiers paradoxaux des tsars brisent ces tentatives séparatistes et rétablissent l’emprise du centre russe sur ses périphéries ethniquement hétérogènes. Pis, Lénine et surtout Staline, un Géorgien de mère ossète très au fait de ces problèmes et auteur d’un des rares ouvrages marxistes-léninistes qui évoquent la question nationale, retracent les frontières intérieures de la future U.R.S.S. Il s’agit d’établir des ferments de rivalités futures entre peuples afin de rendre le Parti communiste soviétique seul apte à juger d’une manière impartiale les conflits possibles. Les Soviétiques reprennent donc l’antique principe du « Diviser pour régner ».

Ainsi, en 1922, les Ossètes (peuple bien connu des lecteurs de Georges Dumézil, car issu des Alains) se retrouvent partagés entre une Ossétie du Nord (ou Alanie depuis 1994) intégrée à la République fédérative socialiste soviétique de Russie et une Ossétie du Sud d’abord incluse dans la république soviétique de Transcaucasie, puis à sa dissolution en 1937 à la Géorgie.

Carte de Philippe Perchoc – http://www.nouvelle-europe.eu 

Le réveil douloureux des peuples 

 Du temps de l’U.R.S.S., les revendications nationalistes sont durement réprimées et le régime soviétique ne tolère qu’une médiocre expression culturelle assez vite réduite en folklore (dans son acception péjorative). L’ère Gorbatchev (1985 – 1991) avec la Perestroïka et la Glasnost développe les réveils nationalitaires en Union soviétique, mais ne les crée point.

 Les premiers soubresauts des peuples se font sentir dès la fin des années 1960.

En 1978, dans L’Empire éclaté, Hélène Carrère d’Encausse envisage que la contestation anti-soviétique viendrait des républiques musulmanes centre-asiarique. Elle se trompe puisque que ce sont lespeuples baltes qui ébranlent l’autorité de Moscou. On ignore cependant qye dès la fin des années 1980 les peuples du Caucase secouent eux aussi l’opposition soviétique en relançant des revendications territoriales conflictuelles.

 Dès 1988, Arméniens et Azéris s’affrontent au sujet du Haut-Karabakh. Cette république autonome de l’Azerbaïdjan à majorité arménienne veut son indépendance ou son rattachement à l’Arménie. En dépit de l’interposition de l’Armée rouge, une terrible guerre oppose Érévan à Bakou qui se solde en 1994 par la victoire provisoire des Arméniens. Depuis, l’Arménie soutient le Karabakh et occupe 20 % du territoire azéri.

En 1989, sur d’autres versants, des heurts opposent Géorgiens et Ossètes du Sud, les premiers défendant l’idée d’une Géorgie unitaire et centralisée, les seconds leur union avec l’Ossétie du Nord russe. L’Armée rouge intervient en médiateur. Hors du Caucase, en 1990, face à la montée en puissance du sentiment moldave de se rattacher à la Roumanie, les populations slavophones de la rive gauche du Dniestr se séparent de la Moldavie et fondent la Transnistrie. Il en découle une guerre civile brutalement arrêtée par l’Armée rouge…

 La fin de l’U.R.S.S., le 25 décembre 1991, accélère les revendications nationales et favorise la fragmentation de l’espace post-soviétique. Voulant à la fois assurer la pérennité de son pouvoir et « désoviétiser » la Russie, Boris Eltsine autorise les pouvoirs locaux à « prendre le plus de souveraineté qu’ils le peuvent ».

Le Tatarstan devient par exemple quasi-indépendant en plein cœur du pays et à 500 km à l’Est de Moscou !…

Dans le Caucase septentrional, les Tchétchènes proclament leur indépendance dès 1992 et font imploser leur république de Tchétchénie – Ingouchie puisque les Ingouches se séparent d’eux et constituent la république autonome d’Ingouchie dans la Fédération russe. Le radicalisme séparatiste tchétchène entraîne dès lors la Russie dans des conflits sanglants en 1994 – 1996 et en 1999 – 2005.

 En 1990, dans cet intense bouillonnement des nationalités, les Ossètes du Sud, toujours officiellement sous la tutelle de Tbilissi, choisissent un parlement autonome dont les premières décisions sont de quitter la Géorgie et de réclamer la « Velikaia Osetia » (la Grande Ossétie), c’est-à-dire la réunification dans le cadre russe des deux territoires ossètes. Immédiatement, la Géorgie supprime le statut d’autonomie de l’Ossétie du Sud et y envoie son armée écraser les « rebelles ». Il s’en suit une nouvelle guerre marquée par l’intervention militaire russe et la défaite des Géorgiens.

Le 28 décembre 1991, le parlement ossète du Sud réaffirme l’indépendance de son territoire vis-à-vis de Tbilissi.

Dans le même temps, la Géorgie est confrontée à d’autres soulèvements indépendantistes abkhaze au Nord-Ouest et adjare au Sud-Ouest. Appuyés par Moscou, ils profitent aussi du désordre politique intérieur géorgien.

En janvier 1992, la Géorgie sombre dans la guerre civile entre les partisans du premier président élu, le nationaliste grand-géorgien Zviad Gamsakhourdia, un homme de lettres et ancien dissident soviétique, et les responsables du coup d’État rassemblés autour d’Édouard Chevardnadzé, l’ancien ministre soviétique des Affaires étrangères. La résistance zviadiste écrasée en décembre 1993,

Chevardnadzé se rapproche de la Russie, fait adhérer la Géorgie à la C.E.I. (Communauté des États indépendants) et, tout en réaffirmant l’intégrité territoriale de son pays, suspend les questions adjare, abkhaze et ossète du sud, faisant en réalité de ces trois territoires des « États fantômes » (3).

 Voici venir le temps des roses…

 L’instabilité politique incessante, la crise économique persistante, l’incurie gouvernementale flagrante et la corruption généralisée fragilisent progressivement l’assise de Chevardnadzé perçu par les plus nationalistes des Géorgiens comme le bradeur de l’unité nationale et un pion de Moscou.

En novembre 2003, à la suite d’élections estimées truquées, Chevardnadzé est chassé de la présidence par une « révolution de couleur » inspirée de la révolution anti-Milosevic d’octobre 2000 en Yougoslavie. Fomentée par des O.N.G. proches du milliardaire Soros et par la C.I.A., cette révolution téléguidée – « la Révolution des Roses » – porte à la présidence Mikhaïl Saakachvili, un jeune avocat polyglotte acquis aux thèses occidentales, euro-atlantistes et libérales.La stupeur de Moscou bien incapable de défendre Chevardnadzé permet ensuite une floraison de « révolutions colorées » orchestrées par des organisations para-gouvernementales au financement occidental tant dans l’aire ex-soviétique («Révolution Orange » en Ukraine en décembre 2004 et « Révolution des Tulipes » au Kirghizistan en mars 2005) qu’au Liban avec la « Révolution du Cèdre » (février – juillet 2005).

Il ne fait guère de doute que la prochaine cible de ces révolutions sera la Russie. Or leurs instigateurs commettent l’erreur de s’en prendre d’abord à la Biélorussie en provoquant, à la suite de la présidentielle de mars 2006, une « Révolution du Jean’s » contre le président

Alexandre Loukachenko. Homme énergique et volontaire, celui-ci réagit avec détermination et déjoue l’intrigue.

Désormais conscient du péril « coloré », le Kremlin promeut des mouvements de masse (les Nachi, la Jeune Garde, le Mouvement eurasien de la Jeunesse, etc.) aptes à s’opposer à une quelconque tentative de déstabilisation.

Entre-temps, fort du soutien de Washington et de Bruxelles, Saakachvili entreprend de sortir de l’orbite russe pour intégrer l’ensemble occidental. Il pose la candidature de la Géorgie à l’O.T.A.N. et demande à rejoindre l’Union européenne. Cet occidentalisme militant rassure les capitales euratlantiques qui oublient le caractère de plus en plus autoritaire et démagogique du régime à Tbilissi. Saakachvili n’hésite pas à décréter l’état d’urgence, à disperser par la force des manifestations d’opposition et à arrêter ses adversaires politiques. Par ailleurs, usant d’un chauvinisme brutal et jacobin, le bouillant et présomptueux président géorgien en appelle à la réunification de toute la Géorgie, bref mettre au pas les régions irrédentistes d’Ossétie du Sud, d’Abkhazie et d’Adjarie. La reconquête du territoire géorgien commence par la reprise pacifique de l’Adjarie. Après des tractations âpres et subtiles, Tbilissi arrive à restaurer son autorité sur la région en mai 2004. C’est un succès personnel pour le jeune président géorgien.

 Le frelon géorgien contre l’ours russe

 La réussite en Adjarie rend le gouvernement géorgien très sûr de lui et optimiste dans la reprise des territoires ossète et abkhaze. Or la situation dans ces deux territoires est plus compliquée qu’en Adjarie seulement autonome.

En effet, l’indépendance de l’Ossétie du Sud a été approuvée par référendum avec 99,75 % de oui en janvier 1992. En outre, les gouvernements abkhaze et ossète se placent très tôt sous la protection de la Russie qui en profite pour en contrôler les économies.

En 2002, ce rapprochement vire à l’intégration déguisée puisque de nombreux Ossètes du Sud et Abkhazes reçoivent la citoyenneté russe.

 En novembre 2006, un nouveau référendum exprime massivement le souhait des Ossètes du Sud à être officiellement annexés à la Fédération de Russie.

Dès août 2004, Saakachvili avait lancé une offensive militaire contre l’Ossétie du Sud qui échoua devant la réaction mesurée des troupes russes présentes. Les relations entre Moscou et Tbilissi entrent alors dans une période agitée ponctuée par la « crises des espions » en septembre 2006, le tir d’un missile russe sur le territoire géorgien (avril 2007) ou la destruction par les Russes dans le ciel abkhaze d’un drone géorgien (mai 2008).

 En octobre 2006, Moscou rompt ses relations diplomatiques avec la Géorgie et lui impose un embargo commercial, maritime et aérien. L’embargo n’est levé qu’au printemps 2008. Sur le terrain, on assiste à une multiplication des incidents entre Géorgiens et « séparatistes », ossètes surtout, au cours du mois de juillet 2008.

 Les 1er et 2 août 2008 ont lieu de véritables affrontements frontaliers. Dans la nuit du 7 au 8 août, l’armée géorgienne, encadrée par des soudards issus de firmes de mercenariat anglo-saxonnes, envahit l’Ossétie du Sud, y fait régner la terreur et opère un début d’épuration ethnique (4).Le moment n’est pas fortuit. Le chef de guerre géorgien « Saccagevilénie » pensait avoir une liberté totale sur le plan médiatique le jour de l’ouverture des Jeux Olympiques à Pékin. Voulant répéter le précédent adjare d’une façon plus violente, il est probable qu’il s’inspira aussi des coups militaires victorieux du président Tudjman en 1995 quand, aidés et armés par des conseillers étatsuniens, les Croates reprirent aux Serbes en quelques jours la Slavonie occidentale (« Opération Éclair » en mai), la Krajina (« Opération Tempête », du 4 au 7 août) et la Bosnie occidentale (« Opération Mistral », du 13 au 17 septembre). À l’époque, Franjo Tudjman avait parié sur l’impuissance des troupes serbo-yougoslaves de Slobodan Milosevic ; il gagna son pari. « Saakyan » a-t-il cru que la Russie demeurerait inactive, tablant sur une hypothétique discorde au sommet du pouvoir entre le président Medvedev et son Premier ministre Poutine ? Ne comprit-il pas que, passablement irritée par le projet de bouclier anti-missiles U.S. en Europe centrale et orientale et par les menées subversives d’agences para-gouvernementales d’émanation étatsunienne, la Russie ne laisserait pas la Géorgie s’emparer de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie ?

Le géostratège polonais Roman Kuzniar estime que Saakachvili « a fait un mauvais calcul. Il a sous-estimé la réaction des Russes et surestimé ses liens avec les pays occidentaux en s’imaginant, à tort, que ces derniers allaient le soutenir (5) ». Allant à contre-courant de l’interprétation majoritaire qui fait de la riposte russe le premier acte d’une politique d’expansion impérialiste, Roman Kuzniar ajoute que la Russie « connaît aussi ses limites. [Elle] est sur la défensive. Elle est sous la pression des États-Unis et de l’O.T.A.N. Elle se sent menacée dans son étranger proche (6). Ce qu’elle veut pour le moment, c’est maintenir le statu quo et elle est prête, comme on le voit, à utiliser pour cela la manière forte (7) ». C’est aussi un signal fort adressé à tous ceux qui pensent encore la Russie comme un État-continent en voie de dislocation. Plus grand pays au monde par la superficie, grand producteur d’hydrocarbures, la Russie ne serait plus être considérée comme un Bélize eurasiatique !

 La magistrale raclée donnée à l’armée géorgienne marque la fin de l’hibernation pour l’ours russe. Se dessine par ailleurs un nouveau rapport de force entre les principales puissances géopolitiques de la planète à un moment où, embourbés dans les conflits afghan et irakien, les États-Unis sont à la veille d’une très grave crise économique. Quant à l’Union européenne présidée par la France, elle a montré une très grande efficacité dans le seul domaine qui lui tient vraiment à cœur : l’humanitaire. Puissance économique sans aucune volonté politique (la démonie des droits de l’homme ne relève que de l’impolitique la plus nette), l’U.E. excelle en merveilleuse infirmière et en fantastique cellule d’aide psychologique collective. En attendant d’être une excellente fille de joie !…

 Est-ce la fin du nouvel ordre mondial comme l’affirme le spécialiste en géopolitique Alexandre Latsa (8) ? Remarquons déjà que la Pologne vient de signer avec les États-Unis l’accord d’installation du bouclier anti-missile officiellement destiné à contrer les futures têtes nucléaires de l’Iran et en réalité tourné contre la Russie. En représailles, Moscou et Minsk signeront en automne un accord bilatéral sur la création d’un système commun de défense anti-missile dans le cadre de l’Union Russie-Biélorussie ainsi réactivée. On peut désormais envisager que la Russie installera des têtes balistiques dans son enclave de Kaliningrad et en Biélorussie… Grande irresponsable, le chancelier allemand Angela Merkel soutient maintenant la venue rapide de la Géorgie dans l’O.T.A.N. au risque de mécontenter encore plus la Russie qui devrait répliquer en faisant atterrir ses bombardiers stratégiques à Cuba et en installant des bases militaires sur cette île et au Venezuela.

 La défaite géorgienne redistribue la donne dans l’« étranger proche ». Dans le Caucase, l’armée azérie qui se modernise en équipements militaires grâce à l’argent du pétrole a-t-elle encore envie de reprendre le Karabakh à l’Arménie alliée fidèle de la Russie et de l’Iran (9) ? L’Ukraine s’inquiète dès à présent pour l’intégrité de son territoire. Si on n’ignore pas que le pays est partagé entre l’Ouest ukrainophone et l’Est russophone, on sait moins que parmi les divers contentieux russo-ukrainiens se trouve le sort de la Crimée avec son port militaire de Sébastopol. Jusqu’en 1954, la presqu’île était russe. Cette année-là, pour célébrer le tricentenaire de l’union entre l’Ukraine et la Russie, Khrouchtchev donna la Crimée à l’Ukraine. Kyiv pourrait craindre que l’avancée russe dans le Caucase donne des idées aux habitants de Crimée russophiles (10)… Les États baltes qui comptent une importante minorité russophone comme la Lettonie et l’Estonie pourraient avoir la crainte justifiée que la victoire des Ossètes et des Abkhazes ravive l’irrédentisme russe des « non-citoyens » (11).

 Quel parapluie étatsunien ?

 Mikhaïl Saakachvili tablait sur le soutien unanime et immédiat de l’Occident, voire sur une réaction militaire de l’O.T.A.N. La curieuse apathie étatsunienne rend les observateurs perplexes. Certes, les États-Unis sont en plein cirque électoral et l’administration Ubush fils entame ses derniers mois d’existence, mais quand même… Des hypothèses tentent d’expliquer cette passivité. Les commentateurs envisagent que la Géorgie a lancé son attaque sans daigner prévenir Washington, d’où un flottement mâtiné d’agacement. Ou bien les États-Unis étaient informés de ce que tramait « Saakyan », mais la riposte russe les a tétanisés alors qu’ils comptent beaucoup sur Moscou pour renforcer les sanctions contre l’Iran, d’où la sous-traitance de la crise gérée par l’U.E. et la France. Ou bien l’inertie U.S. démontre que le roi est nu, que les États-Unis sont militairement et économiquement affaiblis et qu’ils rechignent de plus en plus à s’occuper d’un « Reste du monde » toujours plus déroutant et imprévisible.

Si cette dernière hypothèse se révélait exacte, le « parapluie étatsunien » censé protéger les États européens n’existerait de facto plus, rendant de cette manière l’O.T.A.N. totalement inutile. Cette perspective terrorise une classe politicienne atlantiste effrayée à l’idée de devoir augmenter le budget de la précaire à leurs sociétés multiculturelles décadentes. Une seconde preuve de la faiblesse yankie concernerait la proposition de loi déposée à la Chambre des représentants demandant au Comité international olympique de retirer à la Russie les jeux d’hiver prévus à Sotchi en 2014 ! On a connu les États-Unis bien plus vindicatifs.

Moralité, plutôt que de réintégrer une structure transatlantique aujourd’hui inadéquate, la France devrait au contraire exiger au nom des intérêts européens la dissolution de l’Alliance atlantique, la fermeture immédiate de toutes les bases U.S. d’Europe et le retrait rapide de leurs troupes. Plus de soixante ans d’occupation étatsunienne, ça suffit ! Paris pourrait ensuite proposer soit la neutralisation – au sens helvétique du terme – du continent, soit la création avec les États volontaires d’un Pacte européen de défense adossé à un partenariat stratégique avec la Russie. On construit déjà à Kourou en Guyane un pas de tir pour les fusées russes ; l’État russe pourrait en plus entrer largement dans le capital d’Airbus et d’E.A.D.S. En échange, la Russie ouvrirait son marché intérieur aux produits européens à forte valeur ajoutée et autoriserait les entreprises européennes à exploiter ses ressources naturelles. Les échanges entre la Russie et l’Europe seraient bien plus fructueux que les flux transatlantiques soumis à l’égoïsme pathologique des Yankees.Mikhaïl Saakachvili pensait bénéficier du soutien inconditionnel de la Maison Blanche et les États-Unis lui ont donné un bon coup de poignard dans le dos !

Les atlantistes devraient méditer la leçon : Superman est lessivé et l’Oncle Sam grabataire !

 L’hypocrisie schizophrénique des OccidentauxInconscientes du lourd silence étatsunien, les diplomaties occidentales, européennes de l’Ouest en particulier, s’activent pour régler le conflit russo-géorgien. Et à quoi assiste-t-on nous ? À l’application claire et précise du « Deux poids, deux mesures » puisque l’inénarrable porteur de riz Kouchner, le plus-que-médiocre David Miliband (mou ?) et la très narcissique«Condoléance » Rice veulent que la Russie respecte l’intangibilité des frontières et l’intégrité territoriale de la Géorgie alors que six mois auparavant le même trio insipide justifiait l’indépendance du Lupanarstan (le Kossovo) !

Avis donc à tous les séparatismes du monde entier : si vous souhaitez obtenir gain de cause, alignez-vous sur des positions atlantistes et vous vous assurerez de la bienveillance de la Maison Blanche !

Un processus semblable à celui du Kossovo se passe actuellement en Bolivie. L’Est bolivien, sa partie amazonienne (les départements de Tanja, de Santa Cruz, de Beni et de Pando) dont le sous-sol regorge de gaz naturel et à la population majoritairement composée de descendants de colons européens, conteste le gouvernement du syndicaliste socialiste indien Evo Morales, grand allié du Vénézuélien Hugo Chavez, et veut une large autonomie interne. Par un étrange hasard, Washington relaie leur appel « autonomiste » libéral-conservateur.

Au fait, un vote populaire a-t-il au moins sanctionné la soi-disant indépendance kossovare ? Aucunement tandis que Abkhazes et Ossètes du Sud ont eux réaffirmé à plusieurs reprises leur choix. L’Occident va donc à l’encontre de la décision des peuples, mais est-ce si surprenant que cela ? Il est en outre piquant (et navrant) d’entendre les suppliques étatsuniennes envers la Russie pour qu’elle tienne sa promesse de se retirer du territoire géorgien alors qu’au XIXe siècle aucun traité de paix signé entre les États-Unis et les nations amérindiennes n’a été respecté…

Probablement amnésique, l’Occident aurait dû comprendre que Moscou ne fait que l’imiter. En 1999, un État souverain – la Yougoslavie – réprima militairement une province rebelle à l’autonomie suspendue – le Kossovo – afin de rétablir son ordre constitutionnel. L’O.T.A.N. prétexta un prétendu nettoyage ethnique pour intervenir militairement et bombarder les principales villes serbes.

Aujourd’hui, la Russie défend l’existence du peuple ossète avec cette nuance d’importance que son aviation n’a pas rasé Tbilissi, ni lâché sur l’ensemble du territoire géorgien des bombes à uranium appauvri.Les dirigeants occidentaux sont par conséquent ou irresponsables, incompétents et incohérents (et ils méritent l’asile) ou bourrés de mauvaise foi et imbus d’un sentiment de supériorité morale désormais bien dévalué. En tout cas, cette attitude aux relents droit-de-l’hommistes nauséabonds est plus que jamais insupportable. En effet, pourquoi les mêmes Occidentaux se préoccupent-ils de la condition tragique des Tibétains, mais se fichent du destin des Ouïgours et se détournent des aspirations légitimes des Abkhazes et des Ossètes ? Pourquoi aucune mairie ne pose-t-elle pas à son fronton le drapeau ossète ou abkhaze ? Pourquoi n’y a-t-il aucun engouement, aucune solidarité envers ces minorités opprimées du Caucase ? Dans l’échelle médiatique de l’émotivité de masse télévisée, l’enfant tibétain aurait-il donc une plus grande valeur d’attendrissement que le jeune Ossète, le gamin du Darfour étant bien entendu hors compétition ? La russophobie instillée par nos grands médias et l’inculture gigantesque de nos contemporains éclairent bien des choses.

 L’Occident, les États-Unis et l’U.E. doivent comprendre que la crise caucasienne marque maintenant la fin de leur fantasme d’hégémonie planétaire. Dans le concert mondial des puissances émergent ou reviennent en force la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, entrevoyant un nouveau monde multipolaire. Serait-ce enfin le trépas de l’Occident ? Il faut l’espérer.

Quelques oiseaux de mauvais augure craignent qu’après la Géorgie, l’Europe orientale soit ensuite la prochaine victime de la Russie. Les pays baltes et la Pologne redouteraient de retomber dans le giron russe (12). Cela n’a pas de sens, car la Russie n’est plus dans une logique d’expansion impérialiste de type soviétique (au contraire des États-Unis), mais c’est ce que veulent faire croire les Géorgiens et les médias occidentaux. Leti Gobedjichvili lance : « Vous, les Européens, il faut que vous sachiez que les Russes viendront jusqu’à vous.

Poutine a déclaré un jour que la situation géopolitique était déséquilibrée après l’effondrement de l’U.R.S.S. Les Russes ne vont jamais accepter l’écroulement de leur Union, et ils vont toujours vouloir la restaurer. Et pour cela, ils sont capables de détruire jusqu’à l’Europe (13) ». Que la Russie nous débarrasse enfin de l’eurocratie débile, poussive et dégénérée, quelle merveilleuse intention hélas guère réalisable ! Néanmoins, si Léon Bloy fulminait jadis contre les affres de son temps en disant vouloir attendre les cosaques ou le Saint-Esprit, pour notre part, attendons quand même avec une fébrilité certaine l’hypothétique surgissement des cosaques !

 Notes 

1 : Malgré des couvertures de magazines incitant à la haine contre la Russie (L’Express, Le Nouvel Observateur), la presse écritequotidienne française a parfois donné un avis plus pondéré de la situation. Observons aussi que des « faiseurs d’opinion », d’habitude fortaméricanolâtres, comme Alain Minc (Libération, 18 août 2008) ou Marek Halter (Le Figaro, 15 août 2008) ont écrit des tribunes libres très critiques envers l’attitude de Saakachvili, idem pour la chronique de fin de semaine d’Alexandre Adler (Le Figaro, 16 et 17 août 2008). Soulignons enfin l’éditorial de La Montagne (Clermont-Ferrand) du 14 août 2008 intitulé « Bonnes vieilles méthodes » qui n’est pas dupe de la désinformation occidentale pro-géorgienne en cours sur les ondes.

 2 : Dans son Dictionnaire des États éphémères ou disparus de 1900 à nos jours (Dualpha, 2005), Jean-Claude Rolinat relève l’existence de l’État des Adyghés (1917 – 1918), le Daghestan libre (janvier – mai 1918), la république des Montagnards du Caucase (mai – novembre1918), la Fédération de Transcaucasie (septembre 1917 – mai 1918)…

 3 : Sur le concept d’« État fantôme », cf. Georges Feltin-Tracol, « Géopolitique des États fantômes », L’Unité normande, n° 295, janvier 2007.

 4 : Des O.N.G. proches du Pentagone ou de Londres telles que Human Rights Watch ou Amnesty International pratiquent un véritable négationnisme en minimisant les exactions réelles de la soldatesque géorgienne en Ossétie.

 5 : in Le Figaro, 11 août 2008.

 6 : On appelle « étranger proche » les États issus de l’U.R.S.S. qui ont conservé des liens économiques et les infrastructures de l’ère soviétique

7 : in Le Figaro, 11 août 2008.

 8 : Il faut lire Dissonance, l’excellent blog d’Alexandre Latsa (http://alexandrelatsa.blogspot.com), en particulier ses articles du 8 août 2008, « Nous sommes tous des Ossètes du Sud » et du 12 août 2008,  »Vers la fin du nouvel ordre mondial« .

 9 : Appliquer aux événements actuels dans le Caucase la grille de lecture du « choc des civilisations » serait d’une rare bêtise puisque Russes, Géorgiens et Ossètes sont orthodoxes. En outre, face au blocus de la Turquie, le seul débouché économique de l’Arménie chrétienne est l’Iran chiite qui, nonobstant le chiisme des Azéris, se méfie des rêves pan-azéries de Bakou, Téhéran possédant une importante minorité azérie qui fut indépendante en 1944 – 1945 avec le soutien de Staline. Ajoutons par ailleurs que le Hezbollah libanais a salué l’intervention militaire russe. Enfin, la Géorgie a abrité dans la vallée du Pankissi à la frontière avec la Tchétchénie des cellules tchétchènes liées à Al-Qaïda.

 10 : Le Monde (16 août 2008) rapporte une manifestation en faveur de la Russie et des Ossètes à Sébastopol, le 14 août dernier. On vient d’apprendre que des proches du président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, accusent le Premier ministre, Ioulia Timochenko, de corruption, de haute trahison et de sympathie pour la Russie. La crise caucasienne aurait-elles des répercussions à Kyiv ?

 11 : Depuis l’indépendance de la Lettonie existent dans le pays des « non-citoyens » adultes à bien distinguer des étrangers. Inscrit sur le passeport letton, ce terme désigne la minorité russophone arrivée dans ce pays balte à l’époque soviétique et leurs descendants. Refusant de passer les examens de langue, d’histoire et de civilisation lettones (ou en étant incapables), ces résidents permanents n’ont ni la citoyenneté lettone, ni la citoyenneté russe. Ce sont des apatrides dont le destin est à rapprocher des centaines de milliers de Russes, Juifs, Grecs, Turcs et Arméniens, fuyant l’effondrement des empires russe et ottoman, titulaires du fameux passeport Nansen.

 12 : L’appréhension des États baltes et de la Pologne est légitime et compréhensible. Baltes et Polonais firent partie de l’Empire russe entre le XVIIIe siècle et 1917. En 1939 pour la Pologne et en 1940 pour les Baltes, en application des clauses secrètes du pacte germano-soviétique, l’U.R.S.S. occupa la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie et la Pologne orientale. La mainmise communiste soviétique sur ces pays (et d’autres) fut totale à partir de 1945 et jusqu’en 1989 – 1991 avec l’acceptation tacite de l’Occident en général et des États-Unis en particulier.

Des médias font un parallèle entre l’intervention soviétique d’août 1968 en Tchécoslovaquie et l’actuel conflit russo-géorgien. Faut-il leur rappeler que la Russie fut elle aussi victime (la première !) du communisme et que soixante-dix ans de système soviétique a transformé le peuple russe en homo sovieticus bien décrit par Alexandre Zinoviev ?

 13 : in Libération, 11 août 2008.Rubriques

  

La Russie, nouvel espoir des Européens

 par André Waroch

 (paru en 2008 sur le site http://www.europemaxima.com )

 La Russie est donc de retour. La Géorgie, petit pays coincé dans un Caucase qui,plus que jamais, est au centre de toutes les convoitises, a voulu jouer del’antagonisme entre les puissances pour se dégager de l’emprise du grand voisinslave. Pour cela, elle a battu à l’égard des États-Unis tous les records de

servilité, et cela depuis plusieurs années. La tentative de mise au pas de la minorité ossète pro-russe, menée avec une armée formée et équipée par les Américains, peut avoir deux niveaux de lecture : le premier consiste à neconsidérer dans tout cela qu’une affaire interne à la Géorgie, qui aurait usésimplement du droit de faire respecter les lois nationales sur son territoire. Le second révèle la continuation de la stratégie d’encerclement (de containment,pourrait-on dire comme aux plus belles heures de la Guerre froide) de la Russie mise au point par les services américains. Ainsi, tous les peuples ayant descomptes à régler avec la Russie sont susceptibles de devenir contre elle l’instrument de Washington.

Qui a tort, qui a raison ?

Les Géorgiens avaient-ils le droit d’attaquer les Ossètes, ces derniers ont-ils le droit de vouloir que leur pays soit russe et non géorgien ? Les Russes ont-ils eu raison de riposter sur le territoire géorgien pour « sauver » les Ossètes ?

Questionnements sans fin ne pouvant intéresser que ceux qui croient à la justiceet à la morale universelles. Ce qui se joue actuellement n’a absolument rien àvoir avec la morale. C’est une lutte à mort entre deux puissances, le but de lapremière étant d’éviter son annexion par la seconde, le mot annexion pouvant setraduire, ces temps-ci, par : adhésion à l’O.T.A.N., passage à l’euro, entrée dans l’espace Schengen, etc. Il ne fait guère de doute, à notre sens, que l’intérêt des Européens, dans cebras de fer opposant les deux nations qui auront peut-être le plus marqué de leur empreinte le XXe siècle, est la victoire de la Russie. Gardons-nous toutefois de diaboliser les États-Unis, ce qui aurait deux effets très négatifs, premièrement celui d’exonérer les politiciens d’Europe de l’Ouest de toute responsabilité, alors qu’ils ont livré tout à fait volontairement aux États-Unis (ou à Bruxelles, ce qui revient au même) la souveraineté des nations qu’ils avaient à charge de défendre. Deuxièmement, cela conférerait aux États-Unis un pouvoir qu’ils ne possèdent pas, ou plutôt : qu’ils ne possèdent que parce que les Européens ont renoncé à exercer le leur.

La question russe nous oblige à reconsidérer, en tout cas, la notion d’Europe.

Dans son dernier livre  »Qui sommes-nous ? », Samuel Huntington s’interroge sur l’identité américaine. Bien que l’américanisme procède d’une vision universellede l’Homme, Huntington rappelle que l’identité américaine fut essentiellement forgée par des protestants anglo-saxons, et que les immigrants irlandais et italiens, par exemple, ne purent s’agréger avec succès au peuple américain qu’enadoptant la mentalité et la façon de vivre qu’induisent ces fondements culturels. Tant que les W.A.S.P. représenteront le groupe le plus fort, ce sont leur culture, leur identité, leur façon de vivre qui représenteront l’Amérique.

Dominique Venner, dans Histoire et traditions des Européens, s’essaie à la définition d’une identité européenne beaucoup plus problématique, notamment quand il présente comme parties centrales de cette identité certains éléments («La chevalerie médiévale, la poésie épique, l’amour courtois, le monachisme, les libertés féodales, les croisades, l’émergence des villes, la révolution dugothique, la Renaissance, la Réforme et son contraire, l’expansion au-delà des mers, la naissance des États-nations, le baroque profane et religieux, la polyphonie musicale, les Lumières, le romantisme l’univers prométhéen de latechnique ou l’éveil des nationalités… Oui, tout cela est commun à l’Europe et àelle seule ») contenus en réalité à l’intérieur de frontières extrêmement précises qui sont celles de l’Europe catholico-protestante dite occidentale, et qui ne concernent aucunement l’Europe orthodoxe dite orientale.

En 395 fut décidé par Théodose le partage du territoire romain en deux empires distincts et indépendants. Cela ne se fit évidemment pas de gaieté de cœur, mais pour résister, mieux que ne le permettait le gigantisme de l’Empire avant cettedate, aux attaques incessantes des peuples hunniques et germaniques. Le tracé de cette nouvelle frontière fut aussi la conséquence de la séparation de plus en plus nette entre la partie occidentale de l’Empire, marquée par la latinisation, et sa partie orientale marquée par l’hellénisme. Pour les Européens de l’Ouest,l’Empire romain est mort en 476, ce qui correspond à la chute du dernier empereur d’Occident. Byzance était pourtant la digne héritière du rêve impérial qu’elle perpétua jusqu’en 1453. Lors des Croisades, les Arabes, s’ils appelaient les croisés les Franj, les « Francs », continuaient à appeler les Byzantins les Roum, c’est-à-dire les « Romains ». Pour eux, la déposition de Romulus Augustule n’avait en aucun cas signifié la fin de l’Empire, puisque celui d’Orient était maintenu. Ce sont les Européens de l’Ouest qui séparèrent artificiellement l’Empire byzantin et l’Empire romain, en refusant de reconnaître la profonde continuité entre les deux entités. La haine entre la « Chrétienté » (en fait l’Europe catholique) et l’Empire byzantin (l’Europe orthodoxe), ne prit fin qu’avec la destruction définitive de celui-ci par les Turcs. Les Russes s’étaient certes convertis à la fin du Xe siècle, mais leur éloignement et, à partir du XIIIe siècle, leur soumission aux hordes mongoles les tint éloignés du champ de vision de l’Europe de l’Ouest.

Il est aujourd’hui monnaie couranted’insister lourdement sur « l’asianité » du peuple russe pour expliquer la profonde différence qui existe entre lui et l’Europe de l’Ouest. Mais la Hongrie, où Attila est un prénom courant, a été au moins autant marquée par les apports de sang turco-mongol. Personne pourtant n’a jamais remis en cause son appartenance indiscutable à la civilisation « européenne », en fait à l’Europe de l’Ouest catholico-protestante. On invoque la prétendue asianité de la Russie comme obstacle à son intégration dans l’Europe politique parce qu’on ne veut pas voir que c’est l’Orthodoxie qui fait sa différence, et on ne veut pas le voir parce que l’Orthodoxie ne se limite pas à la seule Russie, mais englobe par exemple la majeure partie des Balkans, à commencer par la Grèce, pourtant considérée par les élites de l’Ouest comme « berceau de l’Europe », ce qui pose évidemment problème.

On peut estimer que cette dualité de l’Europe n’est que la continuation d’une dualité déjà prégnante dans l’Empire romain pré-constantinien, à savoir la «concurrence » entre l’influence grecque et l’influence romaine proprement dite. Notamment, par exemple, entre la tradition universaliste et impérialiste romaine et la tradition particulariste et nationaliste grecque. Aujourd’hui encore, l’Église catholique romaine est « une et indivisible », universelle mais centralisée, cosmopolite mais enracinée (le Vatican au cœur du monde latin). Les diversités à l’intérieur de la Chrétienté catholique ne sont pas censées être éradiquées mais dépassées, reléguées au second plan. Dans le monde orthodoxe, c’est-à-dire la Grèce ex-byzantine et les nations par elle converties, les identités nationales sont au contraire magnifiées, puisque nous avons affaire au principe des Églises autocéphales, totalement indépendantes à l’intérieur de frontières nationales reconnues, le patriarcat de Constantinople n’exerçant qu’une prééminence honorifique.

Si l’Europe doit être appréhendée à partir de sa réalité et non pas seulement à travers les illusions romantiques de certains « cabris » exaltés, commençons par accepter cette dualité qui est un obstacle absolu à toute idée d’unification politique (au sens bruxellois du terme) reliant Brest à Vladivostok. Mais l’Europe n’est pas plus faible d’être partagée en deux mondes qui, depuis au moins mille ou mille cinq cents ans, ont suivi un chemin différent. Au contraire, cette séparation remplit le même rôle que celle décidée par Théodose.

Devenir deux pour que la mort de l’un ne signifie pas la mort du tout.

Les virus se propagent plus vite à l’intérieur d’un même organisme qu’entre deux organismes différents. De même, on ne peut que constater que les virus mentaux qui se sont abattus sur l’Europe de l’Ouest depuis 1945 ont en général épargné l’Europe orthodoxe (les slaves catholiques et les Hongrois, englobés de 1945 à 1989 dans le monde soviétique, ont échappé artificiellement à la propagation de ces virus, mais la porosité civilisationnelle fait craindre une contamination rapide).

Julien Freund posait en 1980 la question suivante : « Les Européens seraient-ils même encore capables de mener une guerre ? ». Il n’estimait donc visiblement pas que la Russie, qui avait envahi l’année précédente l’Afghanistan, était un pays européen. Mais deux ans plus tard, une nation, la Grande-Bretagne, que Freund considérait sans nul doute comme européenne, débarquait sur les îles Malouines pour reprendre possession de ce bout de terre britannique que l’Argentine venait d’annexer. Ce ne fut pas une simple « opération de police », mais un véritable affrontement guerrier face à la première ou deuxième nation la plus puissante d’Amérique latine. Une guerre que les Anglais décidèrent et menèrent seuls. Une guerre qui était aussi un oui ! retentissant à la question pourtant rhétorique que se posait Freund.

Néanmoins, les virus mentaux à l’œuvre en Europe de l’Ouest depuis 1945 sont bien réels, même si la Grande-Bretagne y échappe en grande partie.

1945 est en même temps une date et un monde. Une « année zéro », une année symbolique qui en dura deux ou trois, une année ou se joua le destin de l’Europe de l’Ouest. Reprécisons que nous entendons par là la partie de l’Europe forgée par les éléments cités plus haut par Dominique Venner. Celui-ci a juste voulu transposer à l’ensemble de l’Europe ce qui ne caractérise que cette l’Europe appelée « occidentale ».

 Notion problématique, l’Occident est censé regrouper -essentiellement – l’Europe de l’Ouest et les États-Unis. Étant donnée l’évolution de plus en plus divergente, sur tous les plans, de ces deux parties du monde, et en considérant le caractère profondément égoïste de la politique étrangère américaine, qui ne s’embarrasse d’aucune espèce de solidarité « identitaire » à l’égard de la civilisation ouest-européenne (il ne s’agit pas d’une critique mais d’un simple constat), les États-Unis, à notre sens, ne doivent plus être considérés comme des alliés naturels de l’Europe de l’Ouest.

La « civilisation occidentale » doit être considérée comme caduque. Le destin de l’Europe de l’Ouest est, pour les prochaines décennies, lié à celui de l’Europe orthodoxe. Unité dans la dualité.

L’Europe de l’Ouest est donc, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soumise à une série de phénomènes dont l’aboutissement sera, si rien n’est fait,sa destruction en tant que civilisation. Citons Jeronimo Molina parlant justement, dans le dernier numéro de la revue Éléments, de l’ostracisme médiatique qui touche encore aujourd’hui l’œuvre de Julien Freund, œuvre qui remet en cause « les thèmes et les vérités établies, légitimateurs des régimes européens d’après la Deuxième Guerre mondiale : l’universalisation des systèmes partitocratiques, l’homogénéisation démocratique-libérale de toute forme de gouvernement, la simulation de la fin de toute inimitié ou hostilité politique, l’universalisme pacifique, la rééducation politique des nations européennes »

Le plus grave, selon nous, réside dans ce qu’il faut bien appeler le rejet de la force qui caractérise les nations d’Europe de l’Ouest depuis la fin de la dernière guerre. Beaucoup ont voulu voir dans la construction européenne l’embryon d’une Europe-puissance. Contresens tragique quand on a sous les yeux quarante ans d’abandon de souveraineté, cette souveraineté nationale dont on nous avait dit qu’elle était comme les œufs qu’on doit casser pour faire une belle omelette, ce à quoi on ne peut que rétorquer qu’on voit bien aujourd’hui les œufs cassés, mais que l’omelette reste introuvable.

Contresens tragique, disions-nous, puisque le but principal de la construction européenne, commencée en 1951 avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C.E.C.A.), est d’aboutir à terme, d’abord sur le territoire européen, puis éventuellement sur l’ensemble du globe, à ce que l’Américain Francis Fukuyama a appelé La fin de l’Histoire dans le célèbre ouvrage du même nom, c’est-à-dire « le terme de l’évolution idéologique de l’humanité et de l’universalisation de la démocratie libérale occidentale en tant que forme définitive de gouvernement ». Mais de même que Staline, politique réaliste, avait forgé le concept du socialisme dans un seul pays en attendant d’avoir la possibilité d’exporter sa révolution, de même les élites dirigeantes d’Europe de l’Ouest ne semblent pas pressées de proclamer ce que certains commencent à soupçonner de plus en plus fortement, à savoir que cette « Europe » n’a d’européenne que le nom, qu’elle est destinée à s’étendre sans aucune limite, comme le montre l’exemple de Dominique Strauss-Kahn, actuel président du F.M.I. et ancien ministre de l’Économie et des Finances, qui confie publiquement son souhait de voir le Maghreb intégrer l’U.E.

Un monde sans guerre, sans frontières, sans nations et sans soldats, débarrassé à la limite de toute forme de violence, voilà le projet ultime qui sous-tend toute la construction européenne. Pour reprendre Jeronimo Molina : la simulation de la fin de toute inimitié ou hostilité politique. Il s’agit en fait d’un projet d’utopie, au sens ancien du mot : pays imaginaire ou un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux.

Les budgets de défense de l’Inde, de la Russie, de la Chine et des États-Unis sont, au moins depuis le 11 Septembre, en progression constante et maintenue.

Face à cela, la France, à l’instar des autres pays de l’Europe de l’Ouest continentale, entame un mouvement exactement inverse, comme l’a montré l’affaire « Surcouf », ce collectif de généraux anonymes critiquant la réforme – en fait la continuation du démantèlement – de l’armée à l’occasion du dernier livre blanc de la défense. Le collectif utilise un très bon argument pour répondre à celui de l’Élysée, qui affirme enlever des moyens aux forces conventionnelles pour les reverser dans le renseignement : à quoi sert-il, peut-on lire dans le communiqué en question, de savoir qui va nous attaquer si nous n’avons pas les moyens de l’en empêcher ? Pendant longtemps, la réponse à cette question a été évidente : l’Europe (comprendre l’Union européenne, par abus de langage). Plus besoin pour la France d’avoir une armée, plus besoin d’avoir une diplomatie, plus besoin même d’avoir un service de renseignements, bref, plus besoin d’essayer d’exister sur la scène internationale, puisque le but du gouvernement français est de supprimer la France en tant que nation, par dilution dans la construction européenne. Nous étions censés mourir Français et renaître Européens. Mais finalement n’eut lieu que la première partie du plan.

Le rejet de la force par l’Europe de l’Ouest a été très bien décrit par le néo-conservateur américain Robert Kagan. Pour lui, les Européens de l’Ouest « ne veulent surtout pas devenir plus fort militairement. Au cours des dernières années, ils ont développé un point de vue tout autre sur le rôle de la puissance dans les relations internationales, une façon de voir qui procède directement de leur parcours historique sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont abjuré la politique du coup de force ». Pour le haut diplomate anglais Robert Cooper, cité par Kagan, « l’Europe vit aujourd’hui dans un système  » postmoderne  » qui ne repose pas sur l’équilibre de la force mais sur le  » rejet de la force  » et sur des  » règles de conduite librement choisies « .

Dans le monde postmoderne, la raison d’État et l’amoralisme des théories de Machiavel sur l’art de gouverner… ont été remplacés par la conscience morale ». À travers ce rejet de la force s’exprime le rejet de la responsabilité, en fait le rejet du politique tel que l’expose Julien Freund en résumant Machiavel : « la politique n’a pas pour objet d’accomplir une fin morale, mais la fin du politique, à savoir la paix intérieure et la sécurité extérieure d’un État, quitte, s’il le faut, à faire des entorses à la morale personnelle ». L’Europe de l’Ouest fait passer le politique, c’est-à-dire la nécessité pour un État de préserver par tous les moyens la nation dont il a la charge, après la morale.

Et nous touchons là à un point extrêmement douloureux de la psyché collective de l’Europe de l’Ouest, à savoir la culpabilité et la honte enseignées après la guerre aux peuples en question par les deux puissances victorieuses, U.S.A. et U.R.S.S., relayés par des groupes de pression autochtones. Cette culpabilité et cette honte prennent pour motif la perpétuation de la Shoah et, par contrecoup, la collaboration (y compris dans des domaines complètement étrangers au génocide, comme la lutte anticommuniste) réelle ou fantasmée des peuples en question avec le régime nazi.

Analysé avec brio par Gilles-William Goldnadel dans son livre Les Martyrocrates, ce traumatisme, extrêmement puissant, a imposé sa grille de lecture dans tous les domaines, ce que l’auteur a appelé la shoatisation de la société. « À partir de la fin des  » Sixties « , la Shoah est devenue en Europe l’horresco referens, l’horizon indépassable du crime de masse, l’étalon de mesure officiel de la souffrance humaine […] Désormais, aucun événement important ou même mineur qui ne soit immédiatement associé, comparé, ramené à la grande catastrophe […] la nouvelle démonologie européenne a transformé l’État-nation européen en colosse monstrueux aux pieds d’argile. Monstrueux, parce que, dans l’inconscient collectif traumatisé, cet État, incarné par des institutions répressives littéralement diabolisées, n’est que le fils honteusement caché de son père, l’État hitlérien-Antéchrist. Autant dire le fils du diable. Par voie de conséquence, la violence qu’il emploie, au moyen de ses serviteurs disciplinés, le policier-gestapiste, le soldat-S.S., et leurs auxiliaires zélés, le juge, l’huissier… ne peut être que démoniaque »

Cette diabolisation de l’État, chargé de défendre la nation, ne peut en définitive aboutir qu’à la mort du politique, et c’est le but ultime (toujours cette notion d’utopie) poursuivi par les élites d’Europe de l’Ouest.

Pour comprendre pourquoi les deux seules nations d’Europe à nous avoir fait répondre par l’affirmative à la question que se posait en 1980 Julien Freund sont la Russie et la Grande-Bretagne, il suffit de constater que ces deux nations sont les deux grands vainqueurs européens de la Seconde Guerre mondiale. Elles s’en trouvèrent relégitimées dans leur régime, leur culture, leur idéologie. À l’inverse, il est on ne peut plus révélateur que, dans le noyau dur qui débuta en 1951 la construction européenne et la tint à bout de bras jusqu’à aujourd’hui, à savoir les six pays fondateurs de la C.E.C.A., ne se trouve aucune des nations étant sorties victorieuses de la Seconde Guerre mondiale, comme par exemple la Grande-Bretagne, et aucun pays neutre, comme par exemple l’Espagne, le Portugal, la Suisse, l’Irlande. La construction européenne a été initiée par la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Le fameux « noyau carolingien », en fait une équipe de loosers. Six nations qui, en 1945, étaient militairement écrasées et moralement humiliées, otanisées et quadrillées en tous sens par l’armée américaine. Que les États-Unis aient laissé faire et même encouragé cette construction alors qu’il leur suffisait, dans cette Europe ruinée qu’ils maintenaient en vie artificiellement à coups de subsides, de lever le petit doigt pour tout arrêter n’a pas semblé étrange à ceux qui ont cru à l’argument de la nécessaire utilité d’une Europe unie « pour faire contrepoids aux Américains ».

En réalité, l’Europe de l’Ouest s’est retrouvée, suite au désastre de la Seconde Guerre mondiale, colonisée de toutes les manières possibles. La mainmise américaine s’exprime non seulement par l’invasion d’une sous-culture de masse, mais également par l’impossibilité mentale d’envisager un autre cadre politique que le régime démocratique libéral érigé en quasi-dogme religieux. L’influence marxiste, loin de s’y opposer, s’y est mêlé en un étrange syncrétisme. C’est ainsi qu’on vit, en Mai 1968, les meneurs étudiants gauchistes en appeler à la lutte des classes sur fond de rock anglo-saxon. Tout cela dirigé, évidemment, contre le général de Gaulle, dirigeant nationaliste qui avait expulsé les forces militaires américaines encore présentes dans l’Hexagone, retiré la France de l’O.T.A.N. et doté son pays de la bombe atomique. Le fameux slogan de ces tartuffes, « C.R.S.-S.S. ! », est le symbole le plus pathétique de ce qui allait devenir dès lors systématique, à savoir la diabolisation – hitlérisation de tout ce qui représentait, de près ou de loin, la nation. D’où la construction européenne. D’où la baisse continuelle des budgets de défense. D’où l’impuissance morale des gouvernements successifs à entamer une vraie politique d’arrêt de l’immigration, puisqu’il suffisait qu’un collectif d’extrême gauche quelconque aille crier au retour du nazisme pour que les expulsions de clandestins, soudain comparées à la rafle du Vel d’Hiv, soient empêchées. Cette haine de la nation s’étendait, évidemment, à la nation européenne que certains croyaient encore en cours de construction alors qu’elle était, dès ce moment, vidée de tout son sens.

Rejet de la force, rejet de la responsabilité, rejet du politique, voilà ce qui caractérise (mettons une fois de plus des réserves sur la Grande-Bretagne) depuis au moins quarante ans les élites ouest-européennes.

Mais au bout du compte, le moyen le plus sur d’échapper à toute puissance et à toute responsabilité est l’auto-destruction (1). Il est extrêmement difficile de trouver dans tout ce désastre un seul objet d’espérance, du moins si on se cantonne à l’Europe de l’Ouest. C’est ailleurs, plus à l’Est, chez les héritiers de Byzance, à Moscou, qu’il convient de chercher un appui. Alors que les nations d’Europe de l’Ouest se sabordent en abandonnant leur souveraineté au profit de l’U.E. ou de l’O.T.A.N. (c’est la même chose), qu’elle suppriment leurs frontières ainsi que – logiquement -l’appareil militaire jadis censé les défendre, la Russie, contre vents et marées, brandit de plus en plus fermement l’aigle à deux têtes. L’ancienne terre des Tsars est peut-être la dernière nation garante de la souveraineté européenne, le dernier pays du Vieux Continent à pouvoir utiliser la force armée pour défendre ses intérêts alors que l’Europe de l’Ouest doit d’abord, avant d’envoyer quelque part le peu de troupes qu’il lui reste, avoir la permission des États-Unis, de Bruxelles, de la communauté internationale et de ses minoritémusulmanes.

Pour un Français de banlieue parisienne, le spectacle de la Seine-Saint-Denis, où il n’est plus qu’une minorité marginalisée, est la préfiguration de ce qui est déjà presque une réalité dans le département voisin du Val d’Oise, demain dans l’ensemble de la région parisienne, à terme sur tout le territoire français.

L’Europe de l’Ouest actuelle, veule, soumise, envahie, déjà de fait devenue une espèce d’Albanie géante, américano-islamisée, ne peut plus attendre son salut matériel et sa régénérescence morale que de l’extérieur. Que la Russie, désireuse comme au temps de la Guerre froide de briser le containment imposé par les Américains, entreprenne de subvertir ses ennemis de l’Ouest en y soutenant certaines minorités politiques qui veulent, comme elle, la destruction du système, et elle trouvera sans nul doute des candidats.

Pour un « identitaire » français, poignarder l’État dans le dos n’est plus, depuis au moins trente ans, une trahison, mais un acte de salubrité publique.

Une nouvelle pénétration idéologique et politique de la France et de l’Europe de l’Ouest par la Russie est à espérer, et à soutenir sans aucun état d’âme.

Note

1 : Dans une nouvelle intitulée Le grand bazar : finale, l’écrivain américain Stephen King met en scène un jeune scientifique réussissant à pulvériser sur toute la surface de la planète une eau de son invention, censée guérir les hommes de leurs pulsions meurtrières. L’effet secondaire en est hélas la débilité totale. Ainsi meurt l’humanité, victime d’un idéaliste qui aura voulu arrêter toutes les guerres et toutes les violences… et qui aura réussi.